chroniques
Nizar Baraka ou « Le gendre idéal »
Nizar Baraka est mieux nanti que Chabat, intellectuellement, culturellement, scientifiquement, pour autant que l’économie soit une science. Mais au sein de l’Istiqlal tel qu’il est actuellement, est-ce un avantage plutôt qu’un désavantage ?
Ancien ministre des Affaires générales puis des Finances et de l’économie, actuellement président du Conseil Economique, Social et Environnemental, Nizar Baraka vient de faire une sortie remarquée dans le quotidien Assabah du 17 février. Mais en tant que membre du Conseil National du parti de l’Istiqlal. Pour déplorer l’état de déliquescence dans laquelle se trouve sa formation politique. Il n’en fallait pas plus pour que l’on susurre qu’il a été incité, inspiré. Si vous demandez par qui, on vous répondra sur l’air entendu de « tu sais et je sais ». Donc, je ne m’engagerai pas sur cette voie. Dans une autre vie, celle d’Aujourd’hui le Maroc, Khalil Hachimi Idrissi l’avait dépeint en « gendre idéal ». Nizar Baraka est un istiqlalien de souche, de grand-père en petit-fils. C’est un gentil, mais un faux gentil. Dès sa sortie des couches, il est tombé dans la potion de la politique. C’est dire qu’il connaît les alcôves de l’Istiqlal et les méandres qui y mènent. Un exemple ? Au dernier congrès de l’Istiqlal, il a quitté les assises horripilé par l’élection de Hamid Chabat à la tête du parti. Ce n’était qu’une saute d’humeur. Dès la tenue du premier Conseil national, il est revenu à de meilleurs sentiments, en militant discipliné, comme il l’assure lui-même dans son article. Depuis, il n’a pas dérogé à la règle, probablement avec l’arrière pensée d’être là le moment venu.
Cet instant est-il arrivé ? Il suffisait de faire un tour aux obsèques de Mhammed Boucetta pour constater que d’aucuns le soupçonnent d’y croire. Et après tout, pourquoi pas ? N’est-il pas mieux nanti que Chabat, intellectuellement, culturellement, scientifiquement, pour autant que l’économie soit une science ? Plus raisonnable aussi, plus sage, plus apaisé ? Mais au sein de l’Istiqlal tel qu’il est actuellement, est-ce vraiment des qualités, un avantage plutôt qu’un désavantage ? Dans son article intitulé « vision d’espoir pour sauver l’Istiqlal », il annonce la couleur dès le sous-titre : « Le moment est venu de procéder à une autocritique courageuse et redresser les erreurs ». A moins que ce ne soit les « fautes ». J’ai donc lu et je dois avouer que je suis resté sur ma faim. Non pas qu’il ne fait pas une analyse correcte de la situation actuelle de son parti, il appelle même à un déballage en famille quitte à se faire mal, mais il n’indique pas les moyens, les voies et les alternatives. Il épingle aussi, sans toutefois le nommer, le secrétaire général de l’Istiqlal et stigmatise et rejette la logique de l’escalade, une fuite en avant sans horizon que mène Hamid Chabat, ne pouvant s’ouvrir que sur l’inconnu. Cela-dit, la question reste entière : Que faire ? Et là l’article de Nizar Baraka n’apporte pas l’esquisse de l’ébauche d’une réponse. L’Istiqlal d’aujourd’hui est dans une double impasse. Idéologique et humaine. Idéologique, parce que le PJD a opéré une véritable triangulation sur le fonds de commerce istiqlalien qui avait le quasi monopole du conservatisme social qui faisait son attrait auprès des couches populaires. Il l’a rendu inaudible d’autant plus qu’au plan humain, la faune istiqlalienne s’est beaucoup appauvrie. Et cet état des lieux ne peut être mis sur le solde débiteur du seul Chabat. Lui n’a fait qu’accélérer la détérioration. Le mal lui est antérieur et bien au-delà des deux mandats et demi de Abbas El Fassi.