Pour ne rien oublier : Le génocide des Hereros -Par Samir Belahsen

5437685854_d630fceaff_b-

Des images qui en rappellent d’autres plus actuelles

1
Partager :

 

La cause… Par Samir BELAHSEN

« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

Gael Faye

“Ces guerres, des catastrophes naturelles parmi des milliers d'autres. Un moment où la bêtise se fait plus grande, où une partie de l'humanité refait son plein de vertus guerrières et de courage exalté pendant que l'autre dénonce les génocides.”

 Paul Ohl / Knockout

Le génocide des Hereros et des Namas en Namibie a été un événement tragique qui a eu un impact dévastateur sur ces populations. Les chiffres varient, on estime que plus de 65 000 Hereros (environ 80% de la population herero) et 10 000 Namas ont été tués, principalement par des troupes allemandes entre 1904 et 1908.

Ce génocide a inspiré de nombreuses œuvres littéraires, tant au niveau international qu'en Namibie. Des romans, des poèmes, des essais et des œuvres historiques ont été écrits pour documenter et donner une voix aux expériences des victimes et de leurs descendants. 

Des auteurs namibiens tels que Neshani Andreas, Pumla Dineo Gqola et d'autres ont abordé le sujet du génocide dans leurs œuvres, ils ont surtout mis en lumière la persistance du traumatisme et de la lutte pour la justice.

Neshani Andreas (1964-2011), était la voie de la Namibie et surtout la voie des femmes namibiennes. Elle avait écrit le roman « The purple violet of Oshaantu » où elle raconte l’histoire d’une femme qui refuse de pleurer la mort de son mari. Le village savait qu’elle était une épouse malheureuse, mais on s’attend toujours à ce qu’elle fasse l’éloge de son mari. Elle y révèle la valeur de l’amitié entre les femmes, basée sur l’affection plutôt que sur les croyances traditionnelles.

Ce roman se déroule dans le contexte de la Namibie postcoloniale et explore les effets durables de l'oppression coloniale et du génocide sur la société namibienne.

Dans "The Purple Violet of Oshaantu", Neshani Andreas utilise son talent narratif pour mettre en lumière les conséquences psychologiques, sociales et culturelles du génocide sur les personnages et les communautés. Elle évoque les thèmes de la perte, de la résilience et de la mémoire collective, offrant ainsi une perspective puissante et émouvante sur l'impact du génocide de la Namibie.

Andreas offre une représentation sincère et nuancée des héritages du génocide, explorant la manière dont les traumatismes du passé continuent à affecter les relations interpersonnelles, l'identité culturelle et la quête de justice des protagonistes. Elle confirme qu’un génocide induit plus d’attachement à l’identité et à la justice. 

En dépeignant ces réalités à travers une prose expressive et introspective, elle suscite une empathie profonde chez ses lecteurs pour faire réfléchir sur les héritages historiques persistants de la colonisation et du génocide.

Au niveau international, des auteurs comme John Laband, David Olusoga et d'autres ont exploré le génocide de la Namibie dans leurs travaux, mettant en lumière son importance historique et son impact durable sur la Namibie, l'Allemagne et le reste du monde.

Ces œuvres littéraires ont contribué à sensibiliser le public à l'histoire et aux conséquences du génocide de la Namibie, donnant une voix aux victimes et fournissant des perspectives précieuses sur l'impact durable de cette tragédie. Elles servent de témoignages importants pour les générations futures, aidant à préserver la mémoire collective et à honorer les personnes touchées par ces événements historiques douloureux.

Le génocide de la Namibie a eu lieu entre 1904 et 1908, pendant la colonisation allemande de la région. Les forces coloniales allemandes ont mené une campagne brutale et sauvage contre les Hereros et les Namas, qui ont abouti à la mort de milliers de personnes et à la déportation de nombreuses autres dans des camps de concentration.

Ce génocide a laissé des cicatrices profondes dans la nation namibienne, affectant non seulement les victimes directes, mais également leurs descendants et la société dans son ensemble. Les conséquences du génocide se font toujours ressentir aujourd'hui, avec des questions non résolues concernant la restitution des terres, la reconnaissance officielle des atrocités, et la justice pour les survivants et leurs familles.

Sur le plan géopolitique, le génocide de la Namibie a eu un impact durable sur les relations entre la Namibie et l'Allemagne, qui inaugurait son premier génocide du vingtième siècle. Pendant un temps, la prise de conscience de ce vaste crime influencera aussi la perception internationale de l'histoire coloniale, avant qu’elle ne retombe dans l’oubli pour ouvrir la voie à d’autres massacre dont le dernier et non pas l’ultime est en cours en Palestine. 

Les appels à des excuses officielles et à des réparations financières de la part de l'Allemagne pour ses crimes contre l’humanité en Namibie, ont été sources de tensions diplomatiques, mettant en lumière les séquelles persistantes du passé colonial.

En outre, le génocide de la Namibie a influencé la perception mondiale des injustices coloniales et a contribué à une prise de conscience plus large des effets durables de la colonisation sur les peuples autochtones. Il a également stimulé les discussions sur la nécessité de reconnaître et de commémorer les génocides passés pour parvenir à une réconciliation et à une justice véritables. 

La Namibie a milité pour la reconnaissance internationale du génocide et a cherché à mettre en lumière son impact sur la société namibienne. Ce faisant, le pays a joué un rôle important dans la sensibilisation à l'histoire coloniale et dans la promotion du dialogue sur les questions de justice et de réconciliation.

Le génocide de la Namibie a laissé un héritage profondément douloureux et complexe. En examinant ses conséquences, il est essentiel de reconnaître non seulement les pertes humaines et culturelles, mais aussi les implications géopolitiques et socio-économiques durables. 

Et si l’impératif, minimum, est de ne jamais rien oublier … Il faut rappeler constamment que l’Occident  s’en est rapidement remis et dès l’avènement du monde unipolaire à la suite de l’implosion de l’URSS, il est retombé sans retenue dans se travers.