chroniques
Sahara : La jeunesse objectif essentiel
Par Ahmed Charaï - En rendant la vie plus attractive dans les régions du Sud, nous offrirons une opportunité aux jeunes de Tindouf pour s’exprimer
Sur la question de l’intégrité territoriale, nos élites se montrent très fébriles. Dès qu’un article est publié aux USA ou ailleurs et qu’il est favorable aux thèses du Polisario, on sent frémir certains chez nous. Or, la presse américaine, qui est indépendante, publie toutes les opinions et il est exceptionnel qu’elle soit unanime sur un sujet. Il n’y a donc aucune raison de s’exciter parce qu’un article défavorable aux positions marocaines est publié.
Ensuite, dire que John Bolton, le Conseiller à la Sécurité du président Trump, est pro-algérien et donc adversaire du Maroc n’a pas de sens. Les responsables américains n’agissent pas selon leurs penchants mais selon les intérêts de leur pays, tels que fixés par l’Administration en place.
Le Maroc a su répliquer à toutes les manœuvres de ses adversaires sur la question des droits de l’Homme ou du prétendu pillage des ressources naturelles. Que d’aucuns continuent à répéter ces antiennes n’a qu’une importance très relative.En mettant l’Algérie devant ses responsabilités, le processus onusien se poursuit et nous savons tous qu’il n’est pas au bout du tunnel pour trouver l’issue politique négociée, réclamée par la communauté internationale. C’est au Maroc de poursuivre sans relâche son travail d’explication, de conviction, comme il le fait depuis des décennies.
Mais d’un point de vue stratégique, le Maroc doit viser la jeunesse des camps de Tindouf. Celle-ci est majoritaire au sein des populations. Elle n’a pas été exaltée par les slogans dits révolutionnaires, ni embrigadée dans le cadre du positionnement de la guerre froide. Or, cette jeunesse subit de plein fouet la misère des camps. Elle n’a droit à aucune formation ni un à un travail dignes de ce nom, alors que le statut de « réfugié » le prévoit.
Elle est surtout face à un mur, puisque sa situation est sans perspectives. Sur le plan politique, les jeunes voient bien que la direction n’a pas réellement d’option viable. Sur le plan personnel, ces jeunes ont la même aspiration à une vie meilleure, une vie digne, que tous les autres jeunes de la planète.
C’est à ce défi que le Maroc doit répondre. Comment ? En accélérant la réalisation des projets de développement dans les zones du Sud. Le CESE avait élaboré et publié un rapport très ambitieux sur le sujet. Il visait à promouvoir un véritable développement au profit des populations, tout en éradiquant la rente, qui ne peut être qu’une réponse momentanée aux attentes sociales et non une solution définitive.
Les jeunes de Tindouf veulent un logement correct, un emploi qui leur permette de vivre dignement, des espaces culturels et de divertissement, des infrastructures, des services publics… L’espoir en l’avenir.
Sur tous ces fronts le Maroc a fait énormément d’efforts, mais il nous faut accélérer le rythme. Car en rendant la vie plus attractive dans les régions du Sud, nous offrirons une opportunité aux jeunes de Tindouf pour s’exprimer. Ils le feront à pied en rentrant dans leur pays. Parce que leur aspiration à une vie meilleure a pris l’ascendant. C’est un objectif essentiel et il faut l’atteindre.