Sahara : La tension sur le terrain dépasse le rapport du secrétaire général

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Le Rapport du secrétaire général de l’ONU est à l’image des traditions onusiennes : A boire et à manger. Mais sur le terrain il est bien dépassé. Le message royal à Guterres dit les choses clairement : « C’est un message d’alerte. La situation est grave, et ce qui se passe dans cette zone n’est pas du business as usual. On est dans un changement du statut juridique et historique de la zone à l’est du dispositif de défense ». Et c’est inadmissible

Mercredi après-midi, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, A rendU public son rapport sur le Sahara au Conseil de sécurité. Avec les subtilités sémantiques auxquelles nous a habitués la diplomatie onusienne. Il y en a pour chacune des parties de quoi brouter. Mais on peut  d’ores et déjà retenir que le rapport garde le cap en écartant les voies impraticables notamment le référendum en confirmant l’objectif du processus politique qui est de parvenir “à une solution politique sur la base des orientations données par les résolutions du Conseil de sécurité” depuis 2007.
Comme à l’accoutumé, le secrétaire général des Nations Unies a recommandé au Conseil de proroger le mandat de la Minurso jusqu’au 30 avril 2019, et on retrouve les ritournelles tels le soutien du Conseil de sécurité à son appel en avril 2017 à la relance du processus de négociation “avec une nouvelle dynamique et dans un nouvel esprit”, ou encore l’exhortation des parties à continuer à travailler avec son Envoyé personnel “dans ce nouvel esprit et cette dynamique et à s'engager véritablement dans le processus de négociation conformément aux directives établies par les résolutions du Conseil de sécurité”. Et au moment où Alger tente par tous les moyens d’impliquer de nouveau l’Union Africaine dans le dossier, le Secrétaire général confirme que l’affaire du Sahara reste du ressort  exclusif des Nations Unies. Une façon sans équivoque de renvoyer les généraux algériens à leurs chères études.

Le patron onusien innove quelque peu lorsqu’il met en exergue la responsabilité de l’Algérie, en appelant Alger à faire d’importantes contributions au processus politique. Ce n’est pas la première fois qu’Antonio Guterres fait référence à cette implication, mais il le fait cette fois-ci avec plus d’insistance en l’appelant à augmenter son engagement dans le processus de négociations. C’est une diplomatie de dupes qui est en train de s’effilocher ainsi. Depuis le début du conflit, Alger n’a cessé de dissimuler derrière le mythe du soutien au droit des peuples à l’autodétermination et à l’indépendance, sa prise en charge totale du conflit pour ses seuls intérêts hégémoniques dans la région. Toutes les capitales le savent, mais de plus en plus d’hommes d’Etat commencent à en faire état publiquement. Récemment en visite à Alger, le président français Emmanuel Macron, sans craindre d’attiser la colère de ses hôtes, l’a évoqué sans ambages. L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler l’a fait à sa manière en traçant un parallèle entre l’histoire franco-allemande et les rapports maroco-algériens. Comme pour lui emboiter le pas, Antonio Guterres, en évoquant l’Algérie, a contextualisé le conflit et ses retombées dans leur cadre régional, en soulignant qu’à l'ère de l'interdépendance mondiale, “les conséquences socio-économiques, humanitaires et sécuritaires de ce conflit prolongé pèsent lourdement sur l'intégration régionale et sous-régionale”. Il y a sans doute dans la formulation beaucoup de diplomatie, mais pour celui qui est prêt à faire l’effort de comprendre, le message est clair. En bref, Rabat comme Alger, chacun verra midi à sa porte. La moitié pleine du verre de son côté. Mais en raison de la situation sur le terrain, le rapport semble dépassé tant que l’ONU ne retiendra pas les tentatives de changement du statut des zones tampon. Sur ce sujet, le Roi Mohammed VI a été on ne peut plus limpide : « c’est un message d’alerte. La situation est grave, et ce qui se passe dans cette zone n’est pas du business as usual. On est dans un changement du statut juridique et historique de la zone à l’est du dispositif de défense ». Et c’est inadmissible.