SAHARA MAROCAIN : CARTON ROUGE POUR STAFFAN DE MISTURA. -Par Mustapha SEHIMI

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Entretien, en janvier 2022 à Rabat, de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara avec le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, et le représentant permanent du Maroc aux Nations Unies, Omar Hilale

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Mercredi 31 janvier, l'envoyé personnel da Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, a effectué une visite en Afrique du Sud à l'invitation des officiels de ce pays. I1 a eu notamment des entretiens avec la ministre sud-africaine des relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor. Un déplacement qui se justifie par quoi ? 

Du côté du secrétariat général de l'ONU, le jour même, le porte-parole officiel de M.Antonio Guterres s'en est expliqué en mettant en avant des explications bien contestables qui ne résistent pas à l'examen. I1 a ainsi avancé que "son mandat consiste également à parler à qui il pense devoir s'adresser, aux États membres et à d'autres...". I1 a ajouté qu'il s'agit" de faire avancer le processus" et que "le fait que quelqu'un ne puisse pas être d'accord avec sa propre position ou celle de 1'ONU ne veut pas dire que nous ne devrions pas leur parler". I1 a qualifié De Mistura de "transparent autant que possible" et soutenu enfin que "certaines choses doivent être engagées dans une diplomatie discrète", 1'émissaire rendant compte régulièrement dans un rapport au Conseil de sécurité".

Interpellation par le Maroc

Le Maroc n'a pas manqué d'interpeller De Mistura sur le sens de ce déplacement en Afrique du Sud. Rabat en avait pris connaissance plusieurs semaines auparavant comme l'a précisé le 3 février l'ambassadeur du Royaume aux Nations Unies, Omar Hilale en signifiant tant à ce diplomate onusien qu'au secrétariat une "opposition catégorique "à un tel déplacement. Plus encore: le rejet du Maroc de " toute interaction" avec Pretoria et ce pour des raisons objectives et légitimes. L'interpellation portait aussi sur ces questions : s'agit-il d'un acte de défiance au Maroc de la part de M. De Mistura. ? A-t-on affaire à "une simple erreur d'appréciation sur la véritable posture de l'Afrique du Sud" ? En tout état de cause, l'avertissement était clair : ce voyage ne manquera d'avoir des conséquences sur le processus politique.

Ici, il faut faire référence à la déclaration de la cheffe de la diplomatie sud-africaine après sa rencontre avec l'Envoyé personnel faisant état du breafing qu'il a fait sur "les approches" actuellement discutées à l'ONU. De quoi s'agit-il au vrai ? Le Maroc n'a eu aucune information à ce sujet. Comment expliquer une telle rétention alors que Rabat est partie prenante au premier chef dans ce dossier ? L'on ne doute pas en creux qu'Alger et le mouvement séparatiste étaient "au parfum", pourrait- on dire, de l'initiative de M. De Mistura. Dans cette même ligne, il faut bien évoquer au passage la responsabilité du secrétariat du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Que des contacts informels puissent être noués par 1'Envoyé personnel onusien, il n'y a rien à y redire. Tel a d'ailleurs été le cas, à différentes reprises, lors de ses multiples déplacements en 2022 et 2023 notamment dans plusieurs capitales européennes. I1 a aussi pris langue, dans ce même registre, avec le "Groupe des amis du Sahara occidental" États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Espagne) à la fin mare 2023, à participer à des réunions bilatérales informelles. Une initiative qu'il a expliquée dans la lettre d'invitation adressée à chacun de ces pays : discuter des enseignements tirés du processus politique, approfondir l'examen des positions, et continuer à chercher des formules mutuellement acceptables pour faire avancer le processus politique". Elle était liée à la réunion du Conseil de sécurité inscrite à l'ordre du jour de cette haute instance onusienne au mois d'avril suivant.

L'Afrique du Sud disqualifiée

L'Afrique du Sud ne saurait instrumentaliser la question du Sahara marocain sur le terrain des manœuvres diplomatiques. Le Maroc a dénoncé cette énième opération de Pretoria à laquelle s'est prêtée 1'émissaire de 1'ONU. Ce mardi 6 février, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse tenue à Rabat, en marge des travaux de la Conférence de Haut Niveau sur les pays à revenu intermédiaire, a fait une claire mise au point. L'Afrique du Sud a une position constante d'hostilité à l'endroit du Royaume sur la cause nationale. A ce titre, elle est disqualifiée à tous égards pour escompter auprès d'elle quelque approche constructive : tant s'en faut. Elle est un adversaire et elle le montre depuis des décennies : à 1'ONU, au sein de 1'UA où elle s'était opposée à la réadmission du Maroc en janvier 2017, en binôme également avec l'Algérie dans d'autres instances régionales et internationales.

Le Conseil de Sécurité a consacré des principes et des paramètres de négociation rappelés dans la Résolution 2703 du 30 octobre 2023: identification des quatre parties, mécanisme de négociation sur la base des tables rondes de décembre 2018 et mars 2019, prééminence de l'initiative marocaine d'autonomie d'avril 2007 qualifiée depuis cette date de "sérieuse, crédibles et réaliste". Le mandat de Staffan De Mistura est d'appliquer les résolutions et d'être un facilitateur du processus négociatoire, pas de braconner ailleurs, du côté d'un pays comme l'Afrique du Sud, de manière inconséquente et erratique. Il a quelque quarante ans de vie diplomatique, ici et là: il n'a droit à aucune excuse, à moins que... Carton rouge alors!