chroniques
Trump face à la presse : un nouveau compromis ?
D’un côté, il y a un président qui ne mâche pas ses mots, soutient que la sphère médiatique est partiale, sous influence, refuse de se rendre au dîner annuel des journalistes accrédités à la Maison Blanche. De l’autre côté, il y a un acharnement jamais vu contre Donald Trum.
Le nouveau président américain s’est fait élire sur un discours anti-système. Depuis son investiture, il bouscule tous les codes de l’establishment. La presse en faisant partie, il était tout à fait normal, naturel, qu’elle en pâtisse. Nous vivons actuellement des rapports inédits entre la grande presse, les grands médias et la présidence américaine. Pour nous, presse méditerranéenne, qui citons souvent le journalisme américain comme l’exemple, nous sommes un peu perdus. D’un côté, il y a un président qui ne mâche pas ses mots, soutient que la sphère médiatique est partiale, sous influence, refuse de se rendre au dîner annuel des journalistes accrédités à la Maison Blanche. De l’autre côté, il y a un acharnement jamais vu contre Donald Trump. C’est déraisonnable parce que cela peut nuire à la position des USA dans le monde puisque cela discrédite la parole du président de la première puissance mondiale. Les institutions américaines sont d’une force inébranlable et ont déjà démontré par le passé qu’elles résistaient à toutes les secousses. Ce n’est pas une présidence atypique qui risque de plomber l’édifice. Donald Trump a la légitimité du suffrage universel que nul ne peut contester. Mais il devra composer avec les autres institutions, le congrès, la justice, etc., mais aussi la presse, dont la liberté est inscrite dans le deuxième amendement de la constitution américaine. Le bras de fer actuel ne peut pas durer tout le mandat. Non seulement il écorne l’image de l’Amérique, mais il lassera très vite l’opinion publique. Aucune des deux parties n’a intérêt à ce que la situation s’enlise davantage. C’est le choix de la raison. On comprend que la presse soit remontée contre la Maison Blanche. Le pire des insultes que l’on puisse faire à un journaliste c’est remettre en cause sa crédibilité. Or, c’est un exercice quotidien du président. La pacification des rapports passe par un effort sémantique de la part de Donald Trump. Il lui faudra convenir que l’un des piliers de la démocratie américaine, c’est bien la presse et sa liberté d’expression. La capacité d’investigation des journalistes américains est jalousée par le reste du monde. La puissance des médias américains réside d’abord dans leur indépendance. Trump devra s’accommoder de cette réalité. De même que la presse ne peut, logiquement, s’emmurer dans une attitude d’opposition au président, parce que ce n’est pas sa vocation et qu’une telle attitude l’éloignerait de sa fonction première, à savoir informer en toute objectivité. Les faits d’abord, disait Pulitzer. Parce que perpétuer cet affrontement n’aurait aucun sens. Il est évident que la démocratie américaine pourra le circonscrire. Ce n’est qu’une question de temps. Mais il est cependant très intéressant d’analyser l’impact d’un président hors norme sur le fonctionnement de l’establishment. Le mandat de Trump est à de multiples égards intéressant à suivre. Son parcours, son profil, son programme, sont atypiques certes, mais constituent un réel changement et donc une matière féconde pour la quête journalistique. Gageons que le bras de fer actuel laissera la place à une relation normale entre le pouvoir et la presse indépendante.