chroniques
Un nouveau représentant pour le Sahara, à quoi bon ?
A quoi bon un autre représentant du secrétaire général de l’ONU au Sahara quand on sait le nombre de représentants et d’envoyés spéciaux du patron de l’administration onusienne que ce dossier a usés, lassés avant qu’ils ne jettent l’éponge épuisés ?
Christopher Ross, représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, a fini par démissionner. Après huit ans d’efforts soutenus pour sortir le processus de règlement du contexte que lui avait tracé le Conseil de sécurité des Nations Unies après la présentation du plan d’autonomie marocain : Le conseil avait invité les parties à faire preuve de réalisme et d’esprit de compromis. Il est de notoriété publique que C. Ross n’est pas en odeur de sainteté au Maroc qui avait déjà en 2012 demandé son départ pour partialité dans la conduite du dossier. Parce qu’il était américain, parce qu’il avait les faveurs de l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, il a été maintenu. Rabat avait accepté son retour à contre cœur affichant volontairement et publiquement sa défiance à son égard. Depuis c’est le statut quo, voire le pourrissement par la seule faute d’Alger et accessoirement du Polisario qui refusent de faire ne serait-ce qu’un petit pas vers une solution de compromis. Actuellement on guette ce que fera le nouveau secrétaire général, Antonio Guterres et quel sera son prochain représentant personnel pour le Sahara, sachant qu’il doit avoir l’assentiment de toutes les parties. Mais alors qu’on attend, on ne peut s’interdire une question : A quoi bon un autre représentant de l’ONU quand on sait le nombre de représentants et d’envoyés spéciaux du patron de l’administration onusienne que ce dossier a usés, lassés avant qu’ils ne jettent l’éponge épuisés ?
L’un d’eux a pourtant dit un jour une vérité et il en a payé le prix, le néerlandais Peter Van Valsum qui avait déclaré en 2008 devant le Conseil de sécurité que l’indépendance du Sahara n’était pas une proposition réaliste. Son analyse n’était pas une vue de l’esprit, mais un esprit aigu de réalisme et de pragmatisme. Son analyse se fondait sur un constat irrécusable. Les parties en conflit ont des positions mutuellement exclusives. Il a ensuite mis face-à-face la réalité politique, celle du terrain dont le Maroc est maitre, et la légalité internationale qui fait qu’aucun des pays qui comptent au Conseil de sécurité ne reconnait explicitement la marocanité du Sahara. Ce faisant, Peter Van Valsum ne met pas les deux constats en opposition, mais les combine pour les faire converger vers une solution qui serait en deçà et de l’indépendance totale et de l’intégration intégrale. La position du médiateur onusien avait fait sortir Alger de ses gonds. L’idée n’est cependant pas nouvelle. Elle est dans l’esprit de Hassan II et de Chadli Benjdid aux deux sommets qui les réunissent en 1983 et 1987 aux frontières maroco-algériennes. C’est le même esprit que l’on retrouve par ailleurs, en 2000, dans le plan Baker I du nom de l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker qui fut de 1997 à 2004 le médiateur onusien dans cette affaire. Alger, qui a émis à cette occasion, avant de se rétracter, la curieuse proposition de partage du territoire entre le Maroc et le Polisario, torpilla ce premier plan accepté par le Maroc. Suivront Baker II, Van Valsum, Ross sans qu’Alger bouge d’un iota. Washington, Moscou, Paris, Pékin, Londres savent pertinemment que le nœud gordien à trancher se trouve dans la capitale algérienne. Parce qu’ils considèrent le conflit comme secondaire, parce qu’ils le perçoivent comme une bombe à retardement ou encore pour des raisons d’équilibrisme géopolitique ils font mine de regarder ailleurs. Sauf que la situation dans la région est en train d’évoluer dangereusement.