chroniques
Vous avez dit coup d’État ? Par Dr Samir Belahsen
Le capitaine Amadou Haya Sanogo, meneur d'un coup d'État au Mali en mars 2012. Depuis 1950, plus de 204 coups d'État y ont été commis ; de ce nombre, près de la moitié ont permis à leurs auteurs d'atteindre leur objectif, au moins temporairement.
« Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. »
Robespierre
« Il n'est pas de gouvernement qui ne soit coupable. Par ce qu'il couvre. »
Henry de Montherlant (1895 - 1972)
475 coups d'État en 70 ans (chiffre de 2019) dans le monde entier, réussis ou ratés sont survenus depuis 1950, dont plus de 200 en Si l'Afrique, l’autre palme revenant à l’Amérique Latine.
Suite à ma dernière chronique contre l’intervention militaire de la CEDEAO au Niger, des amis m’ont rappelé qu’il s’agissait d’un coup d’État et qu’il aurait fallu par principe soutenir la CEDEAO.
Selon Albert Vandal, le coup d'État est un acte violent d’une partie des pouvoirs publics contre l'autre.
Des fois c’est pour la prise de pouvoir, des fois c’est pour juste pour s’y maintenir.
Quand Louis-Napoléon Bonaparte, en 1851, tente de se maintenir malgré l’interdiction constitutionnelle, c’était un coup d’État.
En 2009, un coup d'État s'est produit à Madagascar, conduisant à la destitution du président Marc Ravalomanana et à l'installation d'un régime de transition.
En 2013, en Égypte, il y a eu un coup d'État qui a abouti à la destitution du président élu Mohamed Morsi. À l'époque, Morsi appartenait au mouvement politique des Frères musulmans et avait été élu en tant que premier président démocratiquement élu de l'Égypte après la révolution de 2011.
Le coup d'État avait été mené par l'armée égyptienne dirigée par le général Abdel Fattah al-Sissi, qui était alors ministre de la Défense.
Après le coup d'État, Morsi avait été arrêté et plusieurs membres du gouvernement ont également été détenus. Morsi est décédé dans un tribunal... Al-Sissi a ensuite pris le pouvoir et a été élu président en 2014 lors d'élections largement critiquées pour leur manque de transparence et de pluralisme politique.
En 2017, un coup d'État militaire a eu lieu au Zimbabwe, entraînant la fin du règne du président Robert Mugabe, qui était au pouvoir depuis 1980.
En 2019, un coup d'État a eu lieu au Soudan, entraînant la destitution du président Omar al-Bashir qui était au pouvoir depuis trois décennies.
En 2020, un coup d'État s'est produit au Mali, conduisant à la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta suite à des manifestations populaires contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
En règle générale, tout le monde se satisfait de quelques condamnations, plus ou moins virulentes, quelques sanctions plus ou moins appliquées et on finit par s’habituer aux périodes de transition qui se prolongent, puis les auteurs du coup d’État tripotent la constitution puis les élections… Pas de sommets, pas de guerre pour rétablir l’ordre constitutionnel …
Le cas qui fait exception était le cas de la Gambie, quand Yahya Jammeh, qui avait dirigé la Gambie durant vingt-deux ans contestait sa défaite à l’élection présidentielle et affirmait qu’il ne quitterait pas le pouvoir. Il y a eu un mouvement des troupes Africaines et à la fin on lui a négocié une sortie.
Par ailleurs, comment la CEDEAO prétend se mobiliser pour l’ordre constitutionnel sans respecter ni sa charte ni celle des nations unies.
La CEDEAO est une organisation régionale dont le mandat principal est de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région.
Le recours à l'intervention armée ne devrait être considéré, à mon humble avis, qu’en dernier recours lorsque toutes les autres mesures diplomatiques et politiques ont échoué. Il reste crucial que toutes les actions de la CEDEAO soient conformes à sa charte ainsi qu'au droit international, y compris et d’abord à la Charte des Nations Unies.
C'est pourquoi il est important de promouvoir une culture du respect des principes démocratiques, de l'état de droit et des droits de l'homme au sein de chaque État membre de la CEDEAO. De cette manière, l'organisation sera mieux outillée pour agir de manière efficace et légitime lorsqu'il sera nécessaire d'intervenir pour rétablir l'ordre constitutionnel.
La CEDEAO a fait face à plusieurs crises dans la région par le passé et a utilisé des mesures diplomatiques, politiques et rarement militaires pour tenter de résoudre ces problèmes. Cependant, la question du respect des chartes et des normes internationales est une préoccupation importante qui nécessite l'attention et l'engagement de tous les États membres afin de renforcer l'intégrité et l'autorité de l'organisation.