Bilan d’étape du chef du gouvernement devant le parlement : le plumage ne vaut pas le ramage

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Le chef du gouvernement pr?sente ce mardi le bilan d'?tape du gouvernement devant les parlementaires des deux chambres mardi. Cet exercice, qui? renoue avec une tradition lanc?e par le gouvernement de l'alternance, s'inscrit dans une autre perspective aujourd'hui. Le gouvernement actuel dispose de marges de man?uvre que le gouvernement Youssoufi n'avait pas. Il doit assumer la responsabilit? de ses d?cisions? et de son ind?cision ?galement. Chercher ? jeter la responsabilit? des ratages et des ?checs sur? les traditionnels diables et crocodiles c'est juste jouer inutilement au malin. Il est grand temps que la pol?mique ?c?der la place ? un d?bat de haute tenue.

Reste ? savoir si le chef du gouvernement veut vraiment pr?senter le bilan gouvernemental??

La question est d?autant plus l?gitime que le moment de la pr?sentation de ce bilan co?ncide avec le renouvellement de l'accord avec le FMI pour proroger la LPL. D?o? le risque pour l?exercice de para?tre comme une tentative de pousser le parlement, surtout la majorit? gouvernementale, ? apporter son soutien au programme concoct? avec? le FMI. Et c'est donc fort probablement ce programme qui constituera l'essentiel du discours du chef du gouvernement, le bilan n??tant ainsi qu?une trame de fond.

Il est de notori?t? publique que la moiti? de la l?gislature a ?t? consomm?e par? des pol?miques, des disputes et un apprentissage lent et inachev?. Le manque de vision a ?t? amplifi? par l'incomp?tence. Beaucoup de temps a ?t? perdu sans r?sultat. Au lieu d'avancer on reculait et au lieu de renforcer les acquis on se trouvait sous la menace de les perdre.

Le bilan du gouvernement ne peut ?tre dans cette n?gative dynamique que le constat? du? ratage d?un rendez-vous avec l'histoire en retardant l'?laboration et l'adoption des l?gislations qui traduiraient les nouveaut?s? de la constitution de 2011. Ce qui fait que le pays est encore entre deux constitutions, celle de 1996 ayant la pr?valence. En repoussant ?galement les ?lections locales et r?gionales et par cons?quent celles relatives au renouvellement de la chambre des conseillers, le gouvernement a consolid? cette dualit? constitutionnelle par une situation institutionnelle paradoxale. A terme de ce mi-mandat, on rel?vera aussi que le chef du gouvernement a eu l?art de d?stabiliser sa propre majorit? en r?ussissant la rupture avec le PI, le parti le plus proche du PJD,? et en s'alliant ? deux partis ??honnis?? de l'ex G8.

Voulant para?tre devant l??lectorat dans l'habit de la vertu, les islamistes ont ax? leur discours sur la gouvernance, mais le ramage n?a pas ?t? ? la hauteur du plumage. La corruption, le client?lisme, le gaspillage, la rente... ont continu? ? rythmer la vie d'une administration qui manipule le gouvernement au lieu d??tre son outil. Le classement du Maroc dans les rapports mondiaux confirme cette r?alit? am?re. La publication de quelques listes des b?n?ficiaires des rentes n'a en d?finitive ?t? qu?une esbroufe sans cons?quences dans les faits.? La rente des postes de responsabilit? dans l'administration a fini par cr?er une demande parmi les clients du PJD ramenant leurs ambitions ? leur simple dimension humaine. La rente de l'importation n?a pas ?t? reste, ? la seule diff?rence que les islamistes ont une Mecque ?conomique, la Turquie.

Le Maroc, qui a r?sist? ? la crise mondiale de 2008, gr?ce ? une situation macro?conomique assainie, une dette ext?rieure r?duite et une croissance soutenue gr?ce ? une consommation int?rieure, priv?e et publique, dynamique se trouve confront? aujourd'hui ? la d?t?rioration des d?ficits jumeaux, la mont?e de la dette ext?rieure, la croissance tr?s faible ( 1,7?% au premier trimestre de l'ann?e en cours), une consommation int?rieure essouffl?e, la crise de liquidit? bancaire et un rationnement des cr?dits, la chute de la bourse des valeurs de Casablanca et sa r?trogradation, l'affaissement des moteurs de l'?conomie, l'aggravation du? ch?mage des jeunes ... . Le gouvernement, sans vision et sans comp?tence pour apporter des r?ponses ? cette d?gradation globale, a paniqu?. Ne sachant quoi faire, il s?est plac? sous la tutelle du FMI, ce qui r?duit son bilan ? la mise en ?uvre du programme supervis? ?par le FMI. Ce bilan est loin d??tre honorable et les notations des agences de rating et les d?clarations des responsables du FMI sont ? nuancer, car elles se fondent essentiellement sur la stabilit? du pays et la r?forme constitutionnelle.

Le discours qui sera lu par le chef du gouvernement? devant le parlement sera donc une pratique de reddition de compte vis ? vis du FMI, mais ?galement une annonce solennelle des nouveaux engagements pour les deux ann?es ? venir pour b?n?ficier d'une deuxi?me LPL. Il? reproduira le contenu du document ?tabli ? l'issue des n?gociations avec les experts du FMI qui ont pris fin derni?rement avec un habillage contrefait par le verbiage du PJD.

Ce passage devant le parlement, attendu depuis longtemps, est dict? par cette relation d'amour renouvel?e avec le FMI. En face, les parlementaires de la majorit?? n?auront que le choix de se prononcer pour la continuit? de cette relation, puisqu'il n'y aura pas de vote, en exprimant leur soutien non seulement au bilan de l'accord actuel avec le FMI, mais ?galement au deuxi?me accord qui entrera en vigueur en ao?t prochain.

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