A Gaza, élever des abeilles près de la périlleuse barrière frontalière

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L'apicultrice palestinienne Miassar Khoudair (G), 29 ans, et son partenaire de travail vérifient les cadres de miel au rucher, à l'est du camp de Jabalia dans le nord de la bande de Gaza, le 30 avril 2023. À l'approche de la Journée mondiale de l'abeille,, l'apicultrice est retournée à sa colonie, située à quelques centaines de mètres de la frontière agitée de Gaza, pour vérifier si sa reine avait survécu à cinq jours de tirs transfrontaliers meurtriers. (Photo de MOHAMMED ABED / AFP)

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Près de la barrière séparant la bande de Gaza d'Israël, l'apicultrice Miassar Khoudair dorlote la reine de ses abeilles qui a survécu à de nouvelles hostilités meurtrières entre mouvements armés palestiniens et l'armée israélienne.

"Les gaz, les roquettes et la poussière engendrés par la guerre peuvent tuer les abeilles", explique Mme Koudair, 29 ans.

Quelques jours avant la Journée mondiale des abeilles, célébrée le 20 mai, elle est allée inspecter ses ruches, disposées à quelques centaines de mètres de la barrière frontalière au-dessus de laquelle ont fusé, la semaine dernière, roquettes palestiniennes et missiles israéliens.

Pendant cinq jours d'affrontements, déclenchés par des raids aériens israéliens visant la résistance palestinienne mais qui n'ont pas épargné les civils, Mme Koudair n'a pas pu se rendre dans ce secteur où l'on voit au loin, derrière les arbres, flotter un drapeau du mouvement armé.

Trois à quatre de ses ruches ont été détruites dans les échanges de tirs, dit-elle à l'AFP. Mais malgré les dangers, c'est ici, loin des zones les plus peuplées du micro-territoire de 2,3 millions d'habitants, que ses abeilles sont le plus à l'aise.

"Nous les mettons toujours dans les zones frontalières car il y a beaucoup d'arbres et de plantes sauvages, sans trop de bâtiments ou de population", explique Miassar Khoudair.

Quelque 600 dounams (60 hectares) de cultures ont été endommagés par le cycle de violences, auquel un cessez-le-feu a mis le 13 mai, d'après le bureau de presse du mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Il estime aussi à 207.000 euros les pertes liées à des frappes sur des ruches, poulaillers et autres exploitations.

Les affrontements ont coûté la vie à 34 Palestiniens, dont un tué par une roquette palestinienne sur le territoire israélien. Côté israélien, une personne est morte, selon les services de secours israéliens.

"Amour pour le miel" 

Pendant quelques jours, la vie quotidienne s'est arrêtée et Mme Khoudair n'a pas pu vendre son miel dans un centre commercial ordinairement bondé de la ville de Gaza.

Elle y dispose d'un stand avec plusieurs bocaux de taille différente et des peluches de Winnie l'ourson, grand amateur du nectar sucré.

L'apicultrice a lancé son commerce il y a quelques mois, après avoir étudié la phytothérapie en Arabie saoudite.

"Lorsque j'étais en Arabie saoudite, j'ai découvert leur amour et leur intérêt pour le miel, un remède et un complément sur la table du déjeuner", raconte-t-elle.

Si le miel est de bonne qualité, il peut être utilisé pour soigner certains maux, les problèmes de concentration et même de fertilité, affirme-t-elle.

La jeune femme, secrétaire de formation, fait partie des rares habitants de la bande de Gaza à avoir émigré et être revenue dans ce territoire palestinien sous blocus israélien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir il y a 16 ans.

Son activité lui permet d'échapper au sort de nombreux de ses concitoyens à Gaza, où le taux de chômage est de 45%, selon le Fonds monétaire international (FMI).

"C'est un projet très positif, je ne dépends que de moi-même", dit-elle fièrement.

Après avoir examiné chaque ruche, ce qui lui a causé quelques piqûres aux mains car elle ne porte pas de gants, Miassar Khoudair appelle à une prise de conscience sur l'intérêt des produits apicoles.

"Le miel était mentionné dans le Coran, nous l'utilisons de façon thérapeutique, pas seulement pour le consommer. Nous devons soutenir (la production) de denrées naturelles", conclut-elle. (Quid avec AFP)

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