Rabat - L’Association marocaine des droits des victimes (AMDV) a entrepris un travail "très positif" en matière de lutte contre les agressions sexuelles, un domaine qui souffre de "grandes lacunes", a affirmé, mercredi à Rabat, la présidente de l’Association, Aïcha Guellaâ.
S’exprimant lors d’une conférence de presse organisée sous le signe "Baraka men skat" (Arrêtons d’observer le silence !), destinée à la présentation du bilan triennal d’activité de l’AMDV, Mme Guellaâ, avocate de profession, a indiqué que l’action accomplie par l’Association dans ce domaine constitue "une première sur les plans national et arabe".
Durant ses trois années d’activité, l’Association a réussi à mettre la lumière sur le calvaire que vivent les victimes des agressions sexuelles, particulièrement les femmes et les enfants, a-t-elle souligné, notant que l’AMDV a émis, dans ce cadre, plusieurs recommandations aux niveaux législatif et institutionnel.
L’AMDV, un cadre civil national pour défendre et accompagner les victimes des violences sexuelles, a pris en charge, depuis sa création en 2021, un total de 30 femmes et de 20 enfants victimes d’agressions sexuelles, a indiqué Mme Guellaâ, affirmant que ces chiffres ne reflètent aucunement la réalité au Maroc.
Pour leur part, les avocats, académiciens et experts ayant pris part à cette conférence ont souligné l’importance d’encourager les victimes à briser leur silence et à dénoncer leurs agresseurs, pointant du doigt "des procédures judiciaires complexes, un accès difficile à la justice et des considérations socio-culturelles qui empêchent les victimes de parler".
Ces obstacles, ajoutent-ils, encouragent les agresseurs à récidiver, portant ainsi atteinte non seulement à l’intégrité physique mais à la dignité des femmes et des enfants. Ils ont mis l’accent, à cet égard, sur l’importance de la sensibilisation à la lutte contre ces violences commises à l’encontre de cette catégorie vulnérable.
Rappelant que la Constitution marocaine stipule, dans son article 22, qu’"il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou publique", ils ont appelé au renforcement de l’arsenal juridique et à des peines proportionnelles à la gravité de ces crimes odieux.
Par ailleurs, les intervenants ont dénoncé l’instrumentalisation à des fins politiques de certaines affaires d’agressions sexuelles, avant d’insister sur l’égalité de tous devant la loi.
Et de rappeler que le Royaume a ratifié de nombreuses conventions internationales dans le domaine des droits de l’Homme, qui protègent les femmes et les enfants des violences à caractère sexuel.
Ils ont, d’autre part, évoqué les graves répercussions psychologiques des agressions sexuelles, particulièrement celles commises dans le cadre professionnel, sur les victimes, appelant à la mise en place d’un mécanisme d’accompagnement des plaignants afin que les agresseurs ne continuent pas d’agir dans l’impunité.