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Casablanca : Journée d’étude sur la situation des mères célibataires au Maroc, en Tunisie et en Égypte
Insaf a contribué à l’autonomisation de plus de 12.000 mères célibataires, et en 2024 elle a reçu près de 1.000 femmes et réalisé 3.200 prestations
Casablanca - L’Institut national de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf), en partenariat avec l’association Batik International, a organisé, jeudi à Casablanca, une journée d’étude consacrée à la problématique des mères célibataires avec la participation d’experts et acteurs sociaux du Maroc, de Tunisie et d’Égypte.
Ce séminaire, porté par un programme riche en échanges et en réflexion, aborde les défis majeurs auxquels sont confrontées les mères célibataires dans ces trois pays, notamment ceux liés à la stigmatisation sociale, au cadre juridique et aux difficultés socio-économiques.
Les initiateurs de ce conclave ont notamment insisté sur la réforme du code de la famille, engagée par le Maroc depuis 2022, notant que ce chantier fait ressortir "des avancées significatives en matière de protection des droits des mères célibataires et de leurs enfants". Ils ont aussi mis en avant plusieurs défis qui reste à à relever dans ce domaine, particulièrement au plan juridique.
Ils ont également mis en avant les avancées apportées par la Constitution marocaine de 2011, qui garantit une égale protection juridique et sociale à tous les enfants, indépendamment de leur situation familiale.
La présidente de l’association Insaf, Meriem Othmani, a passé en revue les réalisations de l’association, qui en 25 ans d’existence a pu contribuer à l’autonomisation de plus de 12.000 mères célibataires, notant qu’en 2024 l’Insaf a reçu près de 1.000 femmes et réalisé 3.200 prestations (déclaration d’état civil, acte de mariage, reconnaissance de paternité,…..).
Ces femmes, qui sont des victimes, bénéficient, a-t-elle expliqué, d’un suivi juridique et médical de l’association, qui les accompagnes dans toutes leurs démarches afin de retrouver une vie stable et digne. D’autre part, Mme Othmani est revenue sur la question de l’abandon des enfants par les mères célibataires de peur d’être marginalisées par la société ou punies par la loi.
Sarahia Gutierrez, directrice de Batik International, se basant sur des données du Haut-commissariat au plan (HCP), a relevé que les structures familiales sont en évolution constante, notamment en ce qui concerne la proportion des familles monoparentales qui a augmenté de 1.5%, soulignant que ces femmes se retrouvent confrontées à des obstacles culturels mais aussi religieux, les empêchant d’accéder aux services essentiels.
Elle a indiqué qu’en France par exemple, 39% des familles monoparentales qui sont "gérées" par des femmes vivent sous le seuil de pauvreté, soulignant que la principale difficulté que rencontrent les mères célibataires dans le monde est souvent causée par les structures patriarcales qui les fragilisent, les exposant à la pauvreté et à la précarité.
A cet égard, Mme Gutierrez a soutenu que l’une des problématiques majeures rencontrées par les mères célibataires dans la région MENA, sont les obstacles bureaucratiques ainsi que la difficulté d’accès aux services sociaux, affirmant que cela se traduit par une discrimination à l’embauche et une précarité économique dont souffrent ces mères et enfants.
Cette journée d’étude vise à étudier les expériences du Maroc, de la Tunisie et de l’Égypte, en mettant en lumière les spécificités et similitudes des problématiques rencontrées par les mères célibataires dans ces pays. Le partage des bonnes pratiques et la mutualisation des réflexions devraient permettre d’identifier des pistes d’amélioration communes pour accompagner efficacement l’évolution du statut des mères célibataires et de leurs enfants.
Les organisateurs ont insisté sur l’importance d’une coordination régionale et d’un suivi rigoureux des recommandations issues de ce séminaire, pour garantir des avancées concrètes et durables dans la protection des droits des mères célibataires et de leurs enfants.