Sport
Mondial 2022: Walid Regragui, un itinéraire et un style, la sobriété
En peu de temps, il a réussi à imposer son style de jeu et surtout à apporter de la sérénité à un groupe déterminé à déjouer les pronostics dans un groupe F
Par Jihad BENCHEKROUN (MAP)
Rabat - Trois mois seulement après avoir pris les rênes de la sélection nationale de football, Walid Regragui a réussi le pari de hisser les Lions de l'Atlas en 8èmes de finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Une prouesse que seuls les coéquipiers de Timoumi, Zaki et Khairi ont réalisée par le passé lors du Mondial de 1986 au Mexique.
Fort d'une grande expérience comme joueur, Walid est un ancien international marocain qui évoluait au poste de latéral droit. Il a notamment défendu les couleurs des clubs français de l'AC Ajaccio de Dijon, de Grenoble et de l'équipe espagnole du Racing Santander.
Il a pu ensuite enfiler aisément le costume d'entraîneur à la fin de sa carrière, d'abord avec le FUS, avec lequel il a remporté la Coupe du trône en 2014 puis le Championnat en 2016 - une première pour le club rbati - avant de gagner le championnat qatari avec le club d'Al Duhail (2020).
Insatiable, il fait son retour au Maroc pour prendre les commandes du Wydad avec lequel il signe un remarquable doublé (Championnat et Ligue des Champions) en 2022.
Ces résultats ne sont pas passés inaperçus du côté de la Fédération Royale Marocaine de Football, qui a décidé fin août de le nommer sélectionneur des Lions de l'Atlas, en remplacement de Vahid Halilhodzic.
Walid choisit alors de ne pas trop bousculer l'effectif de la sélection marocaine, en procédant à quelques changements avec retour du milieu offensif de Chelsea Hakim Ziyech et la sélection du milieu de la Sampdoria Abdelhamid Sabiri, du buteur du club saoudien d'Al Ittihad Abderrazak Hamdallah et du latéral gauche du Wydad Yahya Attiatallah. Et dès le début l’homme se distingue par sa sobriété, son ton sans fioritures et l’envie de communiquer sa foi et son sens de la solidarité.
En peu de temps, il réussit à imposer son style de jeu et surtout à apporter de la sérénité à un groupe déterminé à déjouer les pronostics dans un groupe F, considéré comme l'un des plus relevés de la Coupe du monde 2022, avec la présence de la Croatie, finaliste au dernier Mondial, et de la Belgique, 2ème au classement Fifa et troisième lors de la dernière Coupe du monde.
Walid Regragui eu le mérite de croire en son groupe, de privilégier la communication aux tensions et de forger une équipe homogène et combative.
Adepte d'un jeu court, en se basant sur une solide défense menée par les expérimentés Romain Saiss et Nayef Aguerd, Walid a réussi surtout à libérer et à tirer le meilleur du grand potentiel de Ziyech, qui avait été longtemps écarté par Halilhodzic.
Lors du premier match contre la Croatie, Walid a opté pour un bloc bas, en fermant les espaces et capitalisant sur le travail défensif de Boufal et Ziyech pour épauler Mezraoui et Hakimi sur les flancs. Une stratégie qui s'est avérée payante, les Croates n'ont eu qu'une seule occasion de but franche tout au long du match, que le brillant portier marocain Yassine Bounou a réussi à bloquer.
Grâce à une solide défense, le Maroc parvient à obtenir le match nul (0-0) lors de cette première rencontre.
Galvanisés par ce résultat, les Lions de l'Atlas vont opter pour toute une autre tactique lors du deuxième match contre la Belgique. Face à des Belges vieillissants, Walid décide de laisser la balle à l'équipe adverse lors de la 1ère mi-temps et de procéder en contres en misant sur Ziyech, Boufal et l'infatigable En-nesyri.
Lors de la deuxième partie du match, le coach national demande à ses poulains de monter d'un cran et de bousculer les Belges, qui ne sont presque jamais arrivés à briser les lignes du Maroc.
Il fait alors entrer le jeune milieu de a Samp' Sabiri et l'attaquant du FC Toulouse Zakaria Aboukhlal. Un coaching réussi pour Walid, puisque Sabiri est à l'origine du premier but des Marocains sur un magnifique coup-franc, tandis que le jeune Aboukhlal marque le second but à la suite d'un contre dévastateur.
Le Maroc signe alors une victoire inattendue mais amplement méritée (2-0) face à la Belgique, relançant les espoirs de tout un peuple d'atteindre les 8èmes de finale du plus grand tournoi au monde.
Lors du dernier match, Walid opte pour un pressing haut pour déstabiliser des Canadiens, qui n'avaient plus rien à perdre lors du tournoi. La stratégie s'avère encore payante, puisque le gardien de but canadien commet une grosse bourde suite au pressing d'En-nesyri et remet la balle à Ziyech. Le milieu de Chelsea parvient alors à marquer aisément dans les buts vides. Le but de Ziyech a libéré les Lions de l'Atlas, qui ont multiplié les attaques. Et sur un nouveau contre, En-nesyri réussit à conclure en beauté pour marquer le second but.
Les Marocains ont par la suite raté plusieurs occasions pour tuer le match. Et c'est contre le cours du match que le Canada parvient à réduire le score sur un but contre son camp de Aguerd. Le but a semblé affecté le moral de la sélection nationale, dont le bloc a baissé d'un cran pour défendre face aux attaques consécutives des Canadiens. Les Lions de l'Atlas ont tout de même bien résisté aux assauts de l'équipe adverse pour décrocher une précieuse victoire (2-1), qui les a propulsés en tête du groupe, alors que la Croatie a terminé deuxième suite à son match nul (0-0) face aux Belges.
La fin du match a alors marqué le début des festivités depuis le Qatar jusqu'au Maroc, en passant par les communautés marocaines partout au monde, dont les Etats-Unis à Orlando (Floride), dans l'Etat de Virginie et à Manhattan (New York) et au Canada où les Marocains sont sortis nombreux dans les rues arborant fièrement les couleurs nationales et célébrant une qualification très méritée pour le second tour de la Coupe du Monde.
La communauté marocaine a longtemps chanté à la gloire de l'équipe nationale, saluant la combativité, la discipline tactique et les prouesses des coéquipiers de Hakimi, tout en priant pour que le conte de fées signé Walid et ses poulains se poursuit encore au Qatar.