??Puisse notre excuse soit la pluie?? dit l?adage marocain. Dans le cas ?ch?ant, le pr?texte en serait la s?cheresse.

Dans sa derni?re note sur la situation de l?Emploi au Maroc, le Haut Commissariat au Plan (HCP) nous informe qu?apr?s une ann?e exceptionnelle de 2013 qui a vu le secteur de l?Agriculture, la for?t et la p?che cr?er la bagatelle ?de 136.000 postes, il a fallu tr?s vite d?chanter et redescendre sur terre.

Apr?s les vaches grasses de 2013, les vaches maigres de 2014, 2015 et 2016.

Trois ann?es o? le secteur de l?agriculture, for?t et p?che a enregistr? la pire des h?morragies en mati?re de perte de postes d?emploi.

7.000 en 2014, 58.000 en 2015 et 175.000 emplois perdu rien qu?au 1er semestre de 2016. ?Soit 240.000 postes d?emploi perdus en moins de trois ans.

La raison invoqu?e par les experts du HCP en serait la derni?re s?cheresse qui s?est abattue sur le Maroc cette ann?e. Mais si elle y est en partie responsable du ch?mage, la s?cheresse ne peut expliquer ? elle seule l?h?catombe qui balaie les emplois en milieu rural. Surtout quand on r?alise le crescendo avec lequel ?volue la perte d?emploi dans ces zones.

On vous conc?de que la saison agricole 2016 a ?t? hypoth?qu?e par une s?cheresse ravageuse. Mais de l? ? lui imputer la responsabilit? des 175?000 postes d?emploi perdus au premier trimestre de cette ann?e dans le domaine de l?agriculture, for?t et p?che, c?est un peu dur ? avaler.

Pour preuve, la saison agricole 2014-2015 a enregistr? une production c?r?ali?re record avec 115 millions de quintaux, soit 21,4 qx/Ha. Cela n?a pas emp?ch? une perte d?emploi de 65000 postes entre 2014 et 2015. En d?autres terme, il faut chercher la ou les causes ailleurs, et non dans les nuages.

Certes, au Maroc, il y a une non ad?quation du mod?le agricole 85% des terres consacr?es ? la production c?r?ali?re, tr?s consommatrice d?eau, contre 15% seulement ?des terre qui d?pendent de l?irrigation. L?addiction de la production agricole ? la pluviom?trie apparaitrait in?luctable.

Mais l?exemple de 2014 et 2015 balaierait en quelque sorte cette fatalit? tant que malgr? une belle pluviom?trie qui a abouti ? une r?colte c?r?ali?re record, la perte de dizaine de milliers de postes d?emploi a ?t? in?vitable.

Autrement dit, le probl?me r?siderait ailleurs.

Une m?canisation ? outrance du secteur constituerait un facteur non n?gligeable de la perte d?emplois. Si on y ajoute l?urbanisation qui rampe ? grande cadences sur les terres rurales, il est donc logique que la perte de l?outil de travail, dans notre cas la terre, conduit ? la perte du travail in?vitablement.

Le probl?me serait donc structurel et impliquerait de savoir manier le choux et la ch?vre pour trouver l??quilibre ad?quat afin d?endiguer un autre probl?me.

L?urbanisation des terres agricoles, conjugu?e ? la perte d?emplois dans le secteur ?(240.000 postes en l?espace de deux campagnes), aggraveraient encore plus le ph?nom?ne de l?exode rural et la paup?risation des villes.

Comme quoi il ne s?agit pas seulement d?un probl?me de ch?mage mais de tout un ph?nom?ne de soci?t? avec tout ce que cela comporte de n?gatif?: extension des bidonvilles, marginalisation de la jeunesse, d?linquance, etc?