« L'adaptation d'une œuvre romanesque, quand elle [est] réalisée avec les soins, l'ampleur, l'intelligence que Victor Fleming a apportés à Autant en emporte le vent..., c'est tout le cinéma ».

André Lang (France-Soir, 1955).

Considéré par les critiques comme l’un des meilleurs films de tous les temps et par "American Film Institute" comme le quatrième meilleur film américain de l'histoire du cinéma dans la catégorie "film épique", adapté du roman homonyme de Margaret Mitchell paru en 1936, sorti en 1939 aux Etats-Unis, "Autant en emporte le vent" (Gone with the Wind) de Victor Fleming avait été récompensé par 08 Oscars dont ceux de Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice dans un premier rôle pour Vivien Leigh et meilleure actrice dans un second rôle pour Hattie McDaniel.

"Autant en emporte le vent" demeure l'un des films les plus emblématiques et controversés de l'histoire du cinéma américain. Ce chef-d'œuvre épique offre une vision romancée de la Guerre de Sécession et de la Reconstruction, à travers les yeux de son héroïne complexe et inoubliable, Scarlett O'Hara. L’histoire se déroule durant la période cruciale de la Guerre de Sécession américaine (1861-1865) et de la Reconstruction (1865-1877) qui a suivi. Ces événements historiques servent de toile de fond à l'histoire personnelle de Scarlett O'Hara, une jeune femme du Sud dotée d'une volonté de fer. Par le biais des yeux de Scarlett, le film traite des vicissitudes de cette époque tumultueuse - de la dévastation des plantations du Sud à la lutte pour la survie et la reconstruction après la guerre. 

DES PERSONNAGES EXCEPTIONNELS

Scarlett O'Hara, interprétée par Vivien Leigh, est sans conteste l'âme du film. Complexe et controversée, Scarlett incarne une héroïne particulière qui ne se laisse jamais abattre par les circonstances adverses. Son amour non partagé pour Ashley Wilkes et sa relation tumultueuse avec Rhett Butler en font un personnage d'une profondeur inhabituelle pour l'époque.

Rhett Butler, joué par Clark Gable, est le contrepoint parfait à Scarlett. Cynique mais romantique, Rhett est un homme entrepreneur et réaliste qui comprend les tempêtes émotionnelles de Scarlett mieux qu'elle ne se comprend elle-même. Leur relation est à la fois passionnée et destructrice, offrant une analyse intrigante des dynamiques de pouvoir et des luttes de genre dans le contexte sudiste.

Ashley Wilkes, incarné par Leslie Howard, représente l'idéaliste sudiste pris au piège entre ses convictions et les réalités changeantes de la guerre. Son amour platonique pour Scarlett et son mariage avec Melanie Hamilton révèlent la complexité des relations humaines face aux bouleversements sociaux.

Melanie Hamilton, jouée par Olivia de Havilland, est l'antithèse de Scarlett. Pure et bienveillante, elle illustre les vertus traditionnelles du Sud, mais sa force intérieure et sa loyauté indéfectible révèlent une profondeur qui contraste avec l'ambition de Scarlett.

NOSTALGIE, AMOUR ET SACRIFICE

Les relations entre les personnages principaux mettent en lumière les nombreux sacrifices faits par amour et par loyauté. La dynamique entre Scarlett et Rhett, ainsi que le triangle amoureux avec Ashley et Melanie, montrent comment les désirs et les choix personnels sont souvent façonnés par des circonstances historiques et sociales.

Le film présente une vision idéalisée et nostalgique souvent contestée du Sud avant la guerre, symbolisée par la grandeur de la plantation Tara. Cette représentation a inspiré des critiques pour sa glorification d'une époque marquée par l'esclavage et l'inégalité raciale. Ainsi, Scarlett O'Hara illustre la détermination et la résilience face à l'adversité. Son mantra, "Demain est un autre jour", incarne la capacité humaine à surmonter les épreuves et à réinventer son avenir, malgré les obstacles paraissant insurmontables. 

UNE MAÎTRISE TECHNIQUE REMARQUABLE

Victor Fleming a réalisé "Autant en emporte le vent" avec une maîtrise qui a magnifié la grandeur épique du récit. La direction artistique, notamment les décors de Tara et les scènes de guerre, est un tour de force visuel qui restitue l'ampleur des événements historiques de l'époque.

La cinématographie, principalement due au chef opérateur Ernest Haller, utilise une palette de couleurs riches pour capturer à la fois la beauté et la tragédie de l'histoire. Les scènes extérieures, ainsi que la célèbre scène de Scarlett sur fond de ciel rougeoyant, sont devenues emblématiques dans l'imaginaire collectif des cinéphiles à travers le monde.

Aujourd’hui, "Autant en emporte le vent" est souvent réexaminé dans le cadre du mouvement pour les droits civiques et de la justice sociale. Certains plaident même pour que le film soit accompagné d’analyses contextuelles éducatives et critiques pour éclairer ses aspects problématiques tout en reconnaissant ses contributions techniques et esthétiques à l’évolution du cinéma.

FILMOGRAPHIE ٍSÉLECTIVE DE VICTOR FLEMING (LM)

« Lord Jim » (1925) ; « Mantrap » (1926) ; « The Way of All Flesh » (1927) ; « Hula » (1927) ; « Le chant du loup » (1929) ; « Forbidden Hollywood : La Belle de Saigon » (1932) ; « La sœur blanche » (1933) ; « L'île au trésor » (1934) ; « Imprudente jeunesse » (1935) ; « Capitaine courageux » (1937) ; « Toute la ville danse » (1938) ; « le magicien d’Oz » (1939) ; « Autant en emporte le vent » (1939) ; « Dr. Jekyll et Mr. Hyde » (1941) ; « Tortilla Flat » (1942) ; « Un nommé Joe » (1943) ; « L’aventure » (1945) ; « Jeanne d'Arc » (1948).