chroniques
Cocaïne : Les bonnes questions
On nous apprend que les deux têtes pensantes dirigeaient leurs business depuis la prison grâce à des téléphones sophistiqués. Ce n’est plus une prison, c’est un camp de vacances
Deux tonnes et demi de cocaïne pure, d’une valeur de 25 Milliards de dirhams, la prise est bonne. Sauf que nous ne sommes pas un pays producteur et que donc cela pose des questions sérieuses :
- On nous apprend que les trafiquants ont mis deux ans pour réunir cette quantité. Mais par où cette drogue est introduite au Maroc ? Selon des rapports très sérieux, il y a une autoroute maritime entre l’Amérique Latine et des pays comme la Guinée Équatoriale. Après, la cocaïne est transportée par les mêmes réseaux du trafic humain, des armes etc...
Nous avons un problème à nos frontières Sud. L’armée est sur tous les fronts sur une distance énorme. Il nous faut penser à un redéploiement de la police et de la gendarmerie sur la route des trafics. Cela nécessite des moyens, beaucoup de moyens, mais surtout une vraie vision politique. La quantité saisie n’était pas destinée à la consommation domestique mais à l’Europe. Nous avons des accords qui ont abouti à un renforcement des relations. Mais si nous devenons un point de passage des drogues dures ces accords deviennent caducs parce qu’il vaut mieux laisser passer le cannabis que la Coke.
- On nous apprend que les deux têtes pensantes dirigeaient leurs business depuis la prison grâce à des téléphones sophistiqués. Ce n’est plus une prison, c’est un camp de vacances. Apparemment, l’affaire Nini, ce baron de la drogue qui sortait pour des orgies à Kénitra, accompagné de ses gardiens et qui a fini par se faire la belle et profiter d’une sortie pour aller en Espagne, n’a pas servi de leçon. Parce qu’ils sont riches, qu’ils achètent les fonctionnaires, les barons de la drogue vivent comme des nababs en prison. Le nier est idiot, combattre le trafic en prison n’est pas la chose la plus simple. Mais il faut s’y atteler pour construire un Etat de droit. Si un baron continue de diriger son entreprise quelle est l’utilité sociale de son incarcération ?
Enfin, cette drogue il a bien fallu l’acheter et ces circuits financiers occultes n’apparaissent jamais dans les enquêtes. On parle de milliards de dirhams, il est peut être temps de s’intéresser à ce trafic hard.
Apprenons à poser les questions avant d’applaudir et peut être que nous arriverons à de véritables avancées et non un coup de com.