société
Nécessaire engagement citoyen
Si la jeunesse croit qu’elle peut changer le monde à coups de like sur facebook, elle est à côté de la plaque. Ce que l’on attend de nos jeunes c’est un engagement. Des associations novatrices, une présence active au sein des partis existants, ou la création de nouveaux, pourquoi pas ?
Les limogeages de responsables, en application de l’article 47 de la constitution, portent plusieurs messages. Il y a bien évidement la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. C’est inédit et c’est le signal qu’au plus haut sommet de la pyramide, l’obligation de résultats prime. Mais il y a surtout, dans ces décisions, la volonté d’une plus grande exigence vis-à-vis de la vie politique. Selon une étude, commanditée par le gouvernement, seulement 1% des jeunes s’intéressent à la politique. C’est là notre drame. Si la jeunesse ne s’implique pas, ne prend pas son destin en main, nous n’avons aucune chance de mettre à niveau le champ politique et nous continuerons à subir une asymétrie entre l’efficacité des institutions, qu’aucun texte ne peut atténuer. Les jeunes sont très actifs, très critiques sur les réseaux sociaux. Mais, bon nombre d’entre eux restent dans le virtuel au moment où ils doivent impacter le réel. On peut d’ailleurs remarquer qu’ils sont souvent négatifs vis-à-vis de la classe politique. Mais il faut qu’ils comprennent que la chose publique n’appartient pas à des structures sclérosées. C’est faux de le penser, puisque tout citoyen marocain a le droit de s’engager selon ses convictions. Si la jeunesse croit qu’elle peut changer le monde à coups de like sur facebook, elle est à côté de la plaque. Ce que l’on attend de nos jeunes c’est un engagement. Des associations novatrices, une présence active au sein des partis existants, ou la création de nouveaux, pourquoi pas ? Et surtout des idées, une nouvelle approche, mobilisatrice. Si le débat public est pauvre au Maroc, c’est justement parce que la nouvelle génération se limite à rejeter l’existant, qui est effectivement peu satisfaisant. Dans toutes les démocraties, ce sont les nouvelles générations, les jeunes, qui imposent les thématiques, font progresser les idées, les approches. Ils ne le font pas uniquement devant un clavier, ils le font aussi et surtout par leur engagement au quotidien. Le côté transgressif de la jeunesse est le carburant du développement social. Tous les changements sont au départ une idée transgressive, qui s’élargit, est amendée, avant de devenir une loi. L’écologie, l’égalité des sexes, n’étaient portées que par la jeunesse aux pantalons patte d’éléphant et aux cheveux longs en Mai 68, qui les conteste aujourd’hui ? L’attitude actuelle de la jeunesse, avec son désintérêt pour la chose publique au motif qu’elle serait phagocytée par des pratiques anciennes, est trop négativiste pour amener le moindre changement. Le Maroc appartient à ses jeunes, il sera ce qu’ils en feront. S’ils se complaisent dans un rôle de spectateur, critique mais spectateur, alors les évolutions ne tomberont pas du ciel et la construction démocratique n’avancera pas. Le civisme et le patriotisme ne s’expriment que par l’action.