« Pour moi, le cinéma est un lit de fleuve desséché. Les metteurs en scène sont toujours fixés sur des images de femmes séductrices qui ne sont plus de mon âge ».

Hanna Schygulla.

Née le 25 décembre 1943 à Königshütte, en Pologne, Hanna Schygulla a grandi en Allemagne de l'Ouest, dans une famille modeste. Schygulla a grandi en Allemagne de l'Ouest, dans une famille modeste. Elle a étudié la philosophie et la sociologie à Munich avant de se tourner vers le théâtre en suivant des études d’Art dramatique. Elle a rapidement attiré l'attention pour son talent et sa forte présence scénique, ce qui lui a permis une haute valorisation dans des rôles importants au théâtre, au cinéma et à la télévision, devenant rapidement l'une des figures les plus emblématiques du cinéma allemand, ayant travaillé avec des réalisateurs de renom tels que Rainer Werner Fassbinder, Volker Schlöndorff, Margarethe von Trotta, Ettore Scola, Jean-Luc Godard et Marco Ferreri qui lui a confié notamment le rôle principal dans “L’histoire de Piera”, pour lequel elle obtient le Prix de la Meilleure Interprétation Féminine au Festival de Cannes de 1983.

Sa carrière au cinéma a débuté en 1969 avec un petit rôle dans le film de Rainer Werner Fassbinder, "L’amour est plus froid que la mort", puis la même année un rôle dans le film "Katzelmacher (Le bouc)" qui lorsqu’il est sorti aux Etats-Unis en 1977, le critique Vincent Canty l’avait qualifié d'«extraordinairement élégant... très différent de tout ce que j'ai vu... Un premier aperçu du talent éblouissant de Fassbinder».

L'ÉGÉRIE DE FASSBINDER

Ainsi, au fil des ans, Hanna Schygulla est devenue l'une des actrices les plus respectées en Allemagne. Elle est restée fidèle à Fassbinder tout en travaillant avec certains des plus grands cinéastes européens et à se produire au théâtre, dans des pièces classiques et contemporaines. Elle est devenue l’égérie de Rainer Werner Fassbinder avec qui elle a collaboré sur de nombreux films emblématiques des années 1970 et 1980, tels que "Le Mariage de Maria Braun" et "Lili Marleen" ; « J’ai eu la révélation, en l’espace d’une seconde que Schygulla deviendrait la star de mes films », dira-t-il à son propos. Et confirmant leur longue et fructueuse collaboration et complicité, Hanna dira à propos de Fassbinder : « Je l’ai senti dangereux et en même temps magnétique. Quelque chose dans son regard allait bien au-delà de la gentillesse ».

Et, malgré son grand succès et sa renommée, Schygulla n'a jamais perdu de vue ses racines humbles. Elle est restée fidèle à ses convictions politiques et son engagement social en tant que voix importante dans la lutte pour les droits de l’homme et surtout ceux des minorités en Allemagne.

UNE ARTISTE AUX TALENTS MULTIPLES

Comédienne bien talentueuse, Schygulla assure une présence attirante à ses personnages. Sa méthode de jeu est bien originale, assurant un port naturel convaincant au personnage qu’elle campe. Elle en donne un aperçu en affirmant : « La première fois qu’on joue, on se laisse guider par le corps, c’est toujours un instant de grâce. Après, il faut figer cet instant, tout devient volontaire et froid ». C’est ainsi qu’elle a immortalisé des personnages mémorables, tels que Petra von Kant, Maria Braun, Lili Marleen, Antonieta..., restés gravés dans les mémoires des cinéphiles à travers le monde.

En plus de sa carrière de comédienne de cinéma et de théâtre à l’immense talent, les films dont lesquels elle joue sont toujours à voir avec un plaisir renouvelé, Schygulla a développé au fil de sa carrière d’autres talents, tout aussi respectables, comme poétesse, chanteuse et plasticienne. Elle a sorti plusieurs albums et a fait des tournées de concerts à travers l'Europe. Sa voix unique et son interprétation émotionnelle lui ont valu une reconnaissance internationale en tant que chanteuse.

En conclusion, Hanna Schygulla est une comédienne talentueuse, une chanteuse passionnée et une militante sociale engagée. Sa carrière impressionnante et son engagement en font une figure importante de la culture allemande, inspirant de nombreux artistes et militants et les encourageant à poursuivre leurs rêves et à se battre pour un monde meilleur. Elle a aussi une vision humaniste bien particulière, sage et philosophique, sur la vie, affirmant que « La mort est le seul grand mystère. Et en même temps, elle a le charme profond de la dernière aventure qui nous attend ».

FILMOGRAPHIE ٍSÉLECTIVE DE HANNA SCHYGULLA (LM)

« Katzelmacher (Le bouc) » (1969) de Rainer Werner Fassbinder ; « L’Amour est plus froid que la mort » (1969) de R. W. Fassbinder ; « Les larmes amers de Petra von Kant » (1971) de R. W. Fassbinder ; « Le marchand des quatre saisons » (1972) de R. W. Fassbinder ; « Faux mouvement » (1975) de Wim Wenders ; « Le mariage de Maria Braun » (1978) de R. W. Fassbinder ; « La troisième génération » (1979) de R : W. Fassbinder ; « Lili Marleen » (1981) de R. W. Fassbinder ; « Le faussaire » (1981) de Volker Schlöndorff ; « Antonieta » (1982) de Carlos Saura ; « La nuit de Varennes » (1982) de Ettore Scola ; « Passion » (1982) de Jean-Luc Godard ; « L’histoire de Piera » (1983) de Marco Ferreri ; « Un amour en Allemagne » (1983) de Andrej Wajda ; « Le futur est femme » (1984) de Marco Ferreri ; « Aux petits bonheurs » (1993) Michel Deville ; « Les Harmonies Werckmeister » (2000) de Béla Tarr ; « Terre promise »  (2004) ; « De l’autre coté » (2007) de Fatih Akin ; « Faust » (2011) de Alexandre Sokourov ; « Avanti » (2012) de Emmanuelle Antille ; « La prière » (2018) de Cédric Kahn ; « Peter von Kant » (2022) de François Ozon.