Sur l'écran d'une tablette, un avatar inspiré du footballeur brésilien Vinicius célèbre comme des buts chaque bonne réponse donnée par des élèves de primaire d'une école publique de Sao Gonçalo, ville natale de la star du Real Madrid.

Ces enfants utilisent une application créée spécialement par l'Institut Vini Jr, fondé par le joueur dans l'intention d'améliorer une éducation publique souvent précaire dans les quartiers défavorisés au Brésil.

Cet institut œuvre également dans la formation anti-raciste, un thème cher au jeune attaquant noir de la Seleçao, 23 ans, qui a subi de nombreux épisodes de discrimination en Espagne.

"C'est un projet très spécial, qui nous aide dans nos études. J'apprends mieux quand j'utilise l'application, c'est plus facile, ça ressemble à un jeu", dit Ana Clara da Silva, 11 ans.

Cette fillette souriante aux cheveux ondulés fréquente l'école municipale Visconde de Sepetiba, l'un des dix établissements publics brésiliens où des salles de classe ont été aménagées par l'Institut Vini Jr pour que les enseignants puissent donner certains cours en s'appuyant sur l'application.

Ces salles sont décorées comme des terrains de foot, avec du gazon synthétique, et les élèves ont accès à des tablettes ou des smartphones.

Quelque 4.500 élèves et 500 enseignants de quatre Etats brésiliens ont déjà bénéficié de ce projet, lancé en 2021. L'institut compte toucher au total 30 établissements d'ici la fin de l'année.

Cette initiative est l'une des raisons qui ont poussé en octobre dernier les organisateurs du Ballon d'Or à décerner à Vinicius le Prix Socrates, qui récompense l'engagement sociétal et caritatif d'un joueur.

En février, l'attaquant a été nommé ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco, devenant le deuxième footballeur brésilien à accéder à ce rang après Pelé.

"Puissance du football" 

Sans aucune prétention de remplacer les enseignants, l'application a été conçue comme un outil pour les aider à inculquer certaines notions aux élèves et pour suivre leurs progrès, chacun d'entre eux disposant d'un compte personnel.

Ils sont testés de façon ludique sur environ 2.000 questions de mathématiques, de portugais ou de sciences.

Et le foot n'est jamais bien loin: l'application a été baptisée "Base", le nom donné aux centres de formation des clubs professionnels. Chaque année scolaire est présentée comme une "saison" et chaque matière est un "match".

L'image de Vinicius est également omniprésente, à travers son avatar "Vinizinho Jr", qui célèbre les bonnes réponses et donne des conseils en cas d'erreur, mais aussi sur de grandes photos affichées aux murs des classes.

"Nous utilisons le pouvoir du football, son caractère ludique, pour les faire travailler sur le programme scolaire", explique Victor Oliveira, dirigeant de l'Institut Vini Jr, qui était financé exclusivement par le joueur jusqu'à la mi-2023, et compte aujourd'hui sur des fonds apportés par des sponsors.

"Tout ce que nous apprenons, nous le mettons en pratique sur l'application. Cela nous aide à apprendre, car nous sommes connectés sur nos téléphones, mais pas déconnectés de nos études", affirme Yuri Rodrigues, 11 ans.

"Se battre pour nous" 

L'institut a par ailleurs formé depuis un an environ 80 enseignants à la pédagogie anti-raciste.

Vinicius a été maintes fois ciblé par des insultes racistes en Espagne, et son poing levé après un but contre Valence il y a dix jours a marqué les esprits.

En novembre, son institut a lancé un manuel d'éducation anti-raciste, méthode en accès libre avec du contenu théorique et pratique pour lutter contre ce fléau également bien présent au Brésil, où plus de la moitié de la population est noire ou métisse.

"Cela fait naître le désir de faire grandir des citoyens formés par une éducation anti-raciste", dit Mariana Carlos Alves, enseignante de 27 ans qui a participé à l'élaboration de cette méthode et considère Vinicius comme une source d'"inspiration" pour petits et grands.

"Il est très important pour chacun d'entre nous", dit Ana Clara da Silva. "Je suis contente de voir qu'il ne baisse jamais la tête. Et comme sa voix a une grande portée, il peut se battre pour nous." (AFP)