Journée internationale des femmes juges: Pour consolider la parité dans le système judiciaire

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Des juges au masculin et au féminin lors d’un sit-in de protestation

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Par Hind Sadki (MAP)

Rabat - En avril 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a décrété le 10 mars "Journée internationale des femmes juges", à un moment où des voix s’élevaient pour sensibiliser à l’importance de renforcer la présence féminine aux postes de décision, y compris au sein du pouvoir judiciaire.

Dans cette résolution, l’Assemblée générale souligne que malgré l’engagement accru des femmes dans la vie publique, elles demeurent nettement sous-représentées aux postes de décision, notant que relativement peu de femmes occupent des fonctions de juge, à tous les niveaux de la magistrature et en particulier dans la haute magistrature.

La représentation des femmes dans le système judiciaire est essentielle pour garantir que les tribunaux représentent leurs citoyens, répondent à leurs préoccupations et rendent des jugements éclairés, selon la résolution qui relève que cette journée internationale est l’occasion de célébrer les progrès réalisés et de sensibiliser aux défis à venir.

Selon l’ONU, dans la plupart des pays européens, il y a plus de femmes que d’hommes parmi les juges professionnels ou les magistrats. Cependant, les femmes représentent 41 % des juges des Cours suprêmes nationales et seulement 25 % des présidents de Cour.

Dans les pays arabes, une étude élaborée par la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) en partenariat avec la Commission internationale de juristes et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) sur les femmes juges dans le monde arabe a révélé de fortes disparités entre et au sein de ces pays. De même, la représentativité des femmes dans les institutions judiciaires reste limitée, en dépit des efforts de plusieurs Etats pour augmenter le nombre de femmes magistrates et procureurs.

L’étude fait également état du nombre croissant de femmes dans les institutions judiciaires dans certains pays arabes tels le Maroc, la Jordanie, la Tunisie et le Liban.

Dans ce contexte, le Royaume est considéré parmi les pionniers dans le monde arabe en matière d’accès des femmes aux institutions judiciaires, d’autant plus la première femme juge marocaine a été nommée en 1961.

Dans le cadre du renforcement de la présence des femmes au sein du pouvoir judiciaire marocain, le Plan stratégique du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) pour la période 2021-2026 appelle dans "l’Action 37" à œuvrer à la parité dans l’octroi des responsabilités, en tenant compte de la compétence et de l’égalité des chances.

En chiffres, le président délégué du CSPJ Mohamed Abdenabaoui avait indiqué, lors du 16ème congrès de l’Association internationale des femmes juges en mai 2023 à Marrakech, que la femme marocaine a réussi à se démarquer et à renforcer sa présence dans le secteur judiciaire après l’indépendance du Royaume, précisant que 20 magistrates occupent des fonctions de gestion de Cours d’appel, des tribunaux de première instance et dans le Parquet, en plus d’une femme juge présidente d’une Chambre au sein de la Cour de cassation, et cinq autres femmes magistrates présidentes de services au sein de la même juridiction.

Lors de cette conférence, le Procureur général du Roi près la Cour de cassation et président du ministère public, El Hassan Daki, a relevé que le secteur de la justice se caractérise par une représentativité accrue des femmes juges, dont le nombre s’élève à 1.093, ce qui représente 26% de l’ensemble des juges.

La présence des femmes dans le secteur judiciaire constitue aussi une source d’inspiration pour les générations montantes de femmes juges, appelées à assumer des rôles pionniers dans le domaine de la justice au service de la protection des droits et libertés, de la consécration du principe de l’égalité devant la loi et de la garantie de l’indépendance du pouvoir judiciaire, a-t-il ajouté.

Lors d’une cérémonie organisée vendredi dernier par la Présidence du ministère public à l’occasion de la Journée internationale de la femme, M. Daki a réitéré l’engagement du Ministère public à promouvoir la présence de la femme dans le système judiciaire, rappelant que les femmes représentent plus de 50% du personnel de cette institution, notamment dans des postes de responsabilité.

Dans une déclaration à la MAP, Wafaa Lamles, membre du Bureau central de l’Amicale Hassania des magistrats, a mis en avant les acquis significatifs réalisés par le corps de la justice en matière d’approche genre depuis l’adoption de la Constitution de 2011, précisant que l’accès à la profession judiciaire est ouvert aussi bien aux femmes qu’aux hommes, selon les critères de compétence et de mérite.

 

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