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Latifa Jbabdi, à 17 ans elle écope de sa première incarcération, à 68 elle poursuit son combat renouvelé et dépoussiéré
Latifa Jbabdi, elle a commencé dans la clandestinité, et elle continue sous les sunlights
Par Abdelaziz HAYOUN (MAP) avec Quid
Latifa Jbabdi est présente sur tous les fronts. Son rôle ne peut être réduit à un seul champ d’activité. Dans les années 1990 et débuts des années 2000, c’est une figure emblématique de mouvement pour la réforme de la Moudawana (Code de la famille).
Mais si depuis l’avènement du règne de Mohammed VI, elle s’illustre surtout en tant que militante des droits de la femme, elle n’oublie pas d’en être une tout en étant femme politique, sociologue, journaliste et universitaire engagée dans tous les secteurs qu’elle aborde, dotée d’une expertise dans les domaines des médias et de la sociologie.
L’engagement de Latifa Jbabdi dans la question des droits des femmes n’est pas une lubie née sur le tard. Dès le début des années 1970. Elle est d’abord une militante de l’extrême gauche de cette époque, membre alors du mouvement clandestin 23 mars. Elle a 17 ans quand son engagement lui vaut une première arrestation en 1972. « Récidiviste » invétérée, elle est à nouveau incarcérée en 1977 et accusée d’atteinte à la sûreté de l’État. Son militantisme découle de la conviction profonde et de son désir de contribuer à l’avènement d’une société d’égalité et de justice où la femme aussi est un acteur essentiel de la société, et non simplement un membre qui complète la structure familiale. Son aspiration commence par place significative que doit prendre la femme en tant qu’élément crucial dans l’éducation et la formation des membres de la société, contribuant ainsi à son progrès, et se continue par l’égalité absolue entre homme et femmes.
Le combat de cette native de Tiznit ne s’est pas limité à un seul aspect de la question de la femme. Elle a toujours considéré, comme elle l’a rappelé lors d’une cérémonie à son honneur à la Maison de la Presse de Tanger, que cette question nécessite d’englober plusieurs domaines, notamment le droit, l’éducation, la culture, les programmes scolaires, l’engagement politique et les médias afin de corriger les perceptions erronées dans la société, souvent attribuées à tort au fiqh.
Ses plaidoyers et son engagement en faveur des droits des femmes se distinguent par un discours posé, réfléchi et méthodique, tout en employant des termes et des expressions clairs, directs et évocateurs qui ne laissent aucune place à l’interprétation. Elle n’hésite pas à étayer ses propos en puisant dans diverses sources, citant parfois le Coran et la Sunna ou les préceptes de la charia appliqués aux enjeux contemporains, ou encore les discours royaux et les travaux des sociologues, des psychologues et des théoriciens politiques.
En scrutant profondément la réalité, elle illustre ses arguments par des exemples concrets, facilitant ainsi la compréhension de ses idées.
Pour justifier sa réticence à s’engager dans le monde politique et le leadership partisan, Mme Jbabdi, qui a consacré plus de cinq décennies de sa vie à la lutte pour les droits sur le terrain, explique qu’elle a ressenti que son véritable domaine d’action était celui des droits, du syndicalisme et de l’information, dont les résultats sont plus directs et concrets et clairement identifiables.
Par ailleurs, elle a vivement salué les réalisations accomplies par le Maroc, sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, en faveur des femmes, lesquelles renforcent l’édifice démocratique et contribuent à dynamiser la vie publique et politique tout en liant la responsabilité à la reddition de comptes.
Elle en est aujourd’hui convaincue, le Maroc a réalisé des avancées et des progrès remarquables dans le domaine de la justice transitionnelle ainsi que dans les volets législatifs, économiques et sociaux, qui sont tout aussi importants. Cependant, elle estime que les revendications continues des mouvements féministes restent une nécessité dictée par la réalité, ajoutant que "la société évolue, tout comme les aspirations des femmes. Les femmes rurales n’ont pas bénéficié de leur juste part de développement, et il est crucial qu’elles soient au cœur de toute avancée socio-économique".
Dans cette même veine, la sociologue a souligné que la décision royale de réviser le Code de la famille est un geste empreint de profonde réflexion, conforme à la volonté de consolider le développement démocratique choisi avec une ferme conviction, par le Maroc.
Avec une grande fierté, Mme Jbabdi, à l’origine du lancement du journal "8 Mars" en novembre 1983 en tant que tribune de défense des droits des femmes, est revenue sur sa distinction par le Souverain du Wissam royal, qu’elle considère comme un signe de reconnaissance, d’honneur et de gratitude envers chaque femme marocaine militante, pionnière, persévérante et aspirant à changer sa réalité ainsi que celle de sa famille et de sa communauté, qu’elle soit petite ou grande.
Membre fondateur de l’Association Marocaine des droits humains (AMDH), Membre de l'ancienne Instance Equité et Réconciliation qui a travaillé sur la justice transitionnelle, ancienne présidente de l’Union pour l’Action Féministe (UAF), diplômée de l’Université de Montréal en études féminines, Latifa Jbabdi incarne la quintessence de l’engagement pour les droits des femmes. Sa vie est jalonnée de moments de lutte uniques, où elle a endossé les rôles de journaliste, de militante politique, de défenseure des droits humains et d’académicienne, au service des causes féminines.
Ce qui ne l’a pas empêchée d’être mère méritante de deux enfants.