Culture
Après Covid-19: Les projections de films numériques ne remplaceront pas les salles de cinéma
Rabat - Les plateformes numériques de Streaming de films ont connu, coronavirus oblige, un engouement croissant pendant la période du confinement dans de nombreux pays du monde, y compris au Maroc, mais elles ne constitueront pas une alternative durable aux salles obscures au cours de la phase post Covid-19, a souligné le critique cinématographique marocain, Fouad Zouirik.
Il est vrai que la pandémie de Covid-19 a poussé les salles de cinéma à fermer leur portes dans le monde entier, obligeant les cinéphiles à chercher une alternative et à trouver leur quête sur les plateformes comme Netflix, qui a réalisé de gros bénéfices au cours de cette crise, a déclaré M. Zouirik dans une interview accordé à la MAP, ajoutant que "cela ne signifie pas que nous assisterons à une baisse de la demande des salles de cinémas après la disparition de la pandémie".
M. Zouirik, qui vit aux Pays-Bas, a souligné, néanmoins, que la fréquentation des salles de projection augmentera considérablement, en particulier lors des premières semaines du retour à la normale." J'ai essayé de réserver un billet dans plusieurs cinémas aux Pays-Bas après leur réouverture -sous certaines conditions- mais je n'ai pas réussi à m'en procurer car tous les billets ont été réservés en sachant que la plupart des films projetés sont des rediffusions plutôt que de nouvelles projections".
Les plateformes numériques, a-t-il ajouté, ne sont pas un fait nouveau en ce sens qu'elles existaient bien avant l'apparition du coronavirus, sans que cela affecte les salles de cinéma qui jouent un rôle majeur dans la vie culturelle et de divertissement des pays occidentaux, excluant toutefois que l'engouement pour les plateformes de streaming de films aura une incidence sur la popularité des salles obscures.
En effet, a expliqué M. Zouirik, les cinémas ont déjà connu des vagues similaires de désertion d'audience, mais ils n'ont pas disparu, ce qui s'est produit lorsque les écrans de ScreenX, IMAX, 3D, 4DX et autres sont apparus car "les écrans classiques conservent toujours leur charme".
Beaucoup croyaient que les salles obscures allaient disparaître avec l'apparition des magnétoscopes dans les années quatre-vingt, mais ce ne fut pas le cas et ces établissements ont continué leur mission jusqu'à présent, peu importe la façon dont les appareils et les technologies ont évolué, ils ne peuvent remplacer la projection d'un film à l'intérieur d'une salle de cinéma, a fait savoir l'expert, soulignant qu'"il y a des films qui ne peuvent être vus et appréciés que sur grand écran".
La plate-forme Netflix a lancé une nouvelle stratégie en faisant l'acquisition de "The Paris Theater", l'une des plus anciennes salles de cinéma à New York, pour la gérer à son compte et y projeter ses productions, a-t-il fait savoir, ajoutant que la compagnie a fait de même avec le théâtre historique "The Egyptian Thater of Hollywood".
Le critique de cinéma n'a pas caché le fait que les plates-formes de streaming, à leur tête Netflix, cherchent à changer la culture des spectateur et ont déjà capté une grande partie du public, en particulier des nouvelles générations, et elles ont également gagné la guerre en affichant leurs productions dans les grands festivals de cinéma comme le Festival de Venise, Berlin et Toronto, qui ont autorisé les films de Netflix de participer, tandis que le Festival (Cannes) y opposait de la résistance.
"Malgré toutes ces victoires, les cinémas resteront présents et ne disparaîtront pas facilement à l'avenir, et le principe de l’audience collective à l'intérieur des salles obscures ne changera pas à son tour", a-t-il assuré.
La société de Netflix a annoncé en avril dernier une augmentation des bénéfices pendant la période du confinement au même titre qu'une hausse d'environ 16 millions du nombre d'abonnés à ses services Streaming.
Le Centre cinématographique marocain (CCM) a décidé, à trois reprises, d'afficher gratuitement sur son site Internet de longs-métrages marocains totalisant plus de 50 films, conformément à la décision du gouvernement d'imposer l'état d'urgence en raison de la pandémie et "de permettre au plus grand nombre de cinéphiles au Maroc et à l'étranger de revoir des films marocains ou "découvrir la richesse de notre patrimoine cinématographique".