Il faut être l’Académie du Royaume pour aller chercher la Croatie

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La Croatie est un pays, petit par la superficie, moins de 60 mille km2, indépendant depuis en 1991, dans la foulée du démembrement dans la douleur de l’ex-Yougoslavie. Tout au long de son histoire, il est une confluence ou se croisent au fil des siècles les empires qui ont dominé à un moment l’Europe quand ce n’est pas le monde. La dernière influence en date est l’ombre oppressante de l’empire soviétique en dépit des efforts d’un Tito, lui-même croate, résistant et jaloux de son indépendance, qui a réussi tout au long de sa vie le rêve de Balkans unis. La curieuse forme de la Croatie, en croissant le met au contact de plusieurs pays et en fait le lieu d’un riche entrecroisement de traditions et d’histoires. C’est sans doute un pays captivant mais qui au Maroc, sinon Abdejlil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, irait puiser un récit, une histoire, une culture, une musique à faire découvrir aux Marocains.

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La Croatie, le vice-recteur de l’International Relations à la Catholic University de Croatie, Emilio Marin, a raison de le rappeler, peut se prévaloir de son riche patrimoine historique et archéologique, un atout indéniable pour toute l'Union européenne, mais pas seulement.

Lors d’une journée d'étude sous le thème "la Croatie comme horizon de pensée", organisée à Rabatà l'initiative conjointe de l'Académie du Royaume du Maroc et de l'ambassade de Croatie, le chercheur a mis en relief la richesse époustouflante du patrimoine historique, archéologique et architectural croate.

Dans sa présentation sous le thème "Salona et Narona, deux sites archéologiques ouverts sur la Méditerranée", l’académicien a braqué les projecteurs sur diverses facettes de l’histoire du site de Narona, une ancienne colonie romaine située dans la vallée du fleuve Naro, qui suscite toujours autant la curiosité des spécialistes et des archéologues.

A partir des années 1950, M. Marin souligne que la découverte sur le site de plusieurs fragments d’inscriptions, de statues, de murs et de sols de mosaïque laissent penser qu’il s’y trouvait à l’ère antique, un augusteum romain.

En effet, entre 1990 et 2000, l'expert alors directeur du Musée archéologique de Split, raconte avoir mené des fouilles intensives et extensives sur le site de Narona qui ont permis de dégager les remparts de la ville basse, la majeure partie du forum romain et une partie de la ville haute, notamment un portique contournant le téménos du temple situé en bordure du forum, ainsi que deux basiliques chrétiennes.

"Quant à la métropole de la Dalmatie romaine Salona, elle est bien connue des archéologues et historiens", note le chercheur, soulignant que c’est une ville antique bordée des monts Kozjak et Mosor à travers lesquels coule la rivière Jadro.

D'après l'académicien, le passé a laissé sa trace sur le site de Salona avec la nécropole de Manastirine, le musée de Tusculum, le théâtre les imposantes murailles et les remparts de la ville.

Pour sa part, le chercheur à l’Old Church Slavonic Institute de Zagreb en Croatie, Milan Mihaljevi?, a focalisé son exposé sur le "plus ancien monument écrit croate datant du 12ème siècle", avec un accent particulier sur la culture médiévale croate et l’écriture glagolitique qui est la plus ancienne écriture croate.

Le chercheur relève que cet alphabet, qui a été inventé au cours de la deuxième moitié du IXème siècle, provient du terme "glagolati" qui signifie littéralement "l’action de parler". Une telle écriture a permis, selon lui, la traduction des textes religieux du latin vers le vieux croate pour l’évangélisation des populations.

Il a mis l'accent à cet égard sur "la stèle de Baška" ou tablette de Baška, le plus ancien monument écrit de Croatie, datant de l'an 1.100, en expliquant qu'il s'agit d'un texte de 13 lignes écrit en vieux croate, ce qu'on appelle "l’écriture glagolitique".

Selon M. Mihaljevi?, aujourd’hui encore, cette langue suscite la curiosité et la fascination de plusieurs passionnés. Ainsi, plusieurs recherches, expositions et séminaires sont organisés pour débattre de cette langue ancienne et pourtant toujours aussi intrigante.

De son côté, l’historienne Tatjana Pai?-Vuki? a présenté une série de collections de manuscrits islamiques en Croatie, telles que "la collection orientale", "la collection de la famille Muhibic", ou encore "la collection Ottenfels". L’historienne a dans ce sens mis en exergue la collection orientale qui selon elle est la plus riche et la plus importante.

Elle note que cette dernière, trouvée en 1927, regroupe un ensemble de textes et de récits traitant des sciences religieuses, de la langue arabe, du soufisme ou encore de l’histoire.

Mme Pai?-Vuki? a également cité un manuscrit du Saint Coran, datant du 16ème siècle, dont l'origine demeure méconnue.

Au cours de cette rencontre, le Chancelier de l’Académie du Royaume du Maroc Mohamed Kettani, a, au nom du secrétaire perpétuel Abdeljalil Lahjomri, souligné que cette initiative s’inscrit dans la nouvelle orientation de l’institution, à savoir l'ouverture sur les expériences de divers pays du monde et sur leurs cultures, comme ce fut le cas de la Chine, l’Inde et le Japon.

"Le patrimoine culturel est le moyen de plus efficace de comprendre l’autre", a t-il relevé, soulignant que le Maroc demeure une porte ouverte vers l’Afrique, la Méditerranée et l’Atlantique.

A cet égard, M. Lahjomri n’a pas omis de rappeler la visite officielle dans le Royaume de la vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères et européennes de la République de Croatie, Marija Pej?inovi? Buri?, du 7 au 9 février 2019, illustrant les relations solides d’amitié entre les deux pays.

Il a par ailleurs mis en évidence les réalisations croates dans les domaines culturel, économique, diplomatique, en affirmant que la Croatie est un modèle d’ouverture et de tolérance.

Quant à l’Ambassadeur de Croatie au Maroc, Jasna Mileta, elle a salué dans une déclaration à la MAP les relations historiques entre le Maroc et la Croatie datant du 18ème siècle, une époque où le pays européen disposait d'ores et déjà d'un consulat à Tanger et nouait des relations commerciales avec le Royaume.

La diplomate s'est également félicitée des relations bilatérales entre les deux pays amis, tout en soulignant que Zagreb soutient les politiques étrangères du Royaume au sein du parlement européen et apporte son appui à l'intégrité territoriale du Maroc.

Cet évènement a été l’occasion de découvrir un patrimoine croate d’une richesse extraordinaire dont plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, et d’explorer le potentiel de dernier en tant que carte maîtresse du développement.

En fin de soirée, la chanteuse croate Lidija Bajuk Quartet a interprété des Chants traditionnels originaires de la région de Medimurje, inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’UNESCO.