''La ville dans le monde musulman, Genèse et mutation'' : De Yatrib à El Madina

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Rabat - Le colloque international sur "la ville dans le monde musulmans : genèse et mutation", a ouvert ses travaux mercredi à Rabat en présence d'une panoplie de professeurs, de spécialistes, d'universitaires et de personnalités de divers horizons.

Cet évènement organisé à l’initiative de l’Académie du Royaume du Maroc et de la Revue Hespéris-Tamuda, publiée par la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, offre l'opportunité pour des débats et des contributions scientifiques qui seront compilés dans un numéro spécial de la revue consacré à "la ville dans le monde musulman".

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L’objectif est de donner la possibilité aux chercheurs de différentes disciplines pour contribuer à l’établissement d’un état des lieux de la connaissance autour de sujets liés à la ville musulmane et proposer des synthèses chaque fois que cela s’avère possible.

A cette occasion, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri,a souligné dans une allocution lue en son nom que la genèse et l'émergence des civilisations successives ne trouvent pas leur fondement seulement dans la puissance, mais elles se fondent avant tout sur les savoirs cumulés ainsi que leur potentiel en termes d'urbanisme et de créativité.

Evoquant à cet égard la civilisation islamique, le secrétaire perpétuel a expliqué que l'Islam a dès le départ favorisé le mouvement d'urbanisation comme en témoignent les premières villes islamiques comme "Yathrib", appelée également Al-Madina avec toute la dimension civilisationnelle qui en découle. Les études orientalistes, qui se sont intéressées à la ville islamique à l’ère moderne, mettent justement l'accent sur l’existence d’une dynamique d'urbanisation islamique.

La ville islamique, clairement affectée par les événements politiques, économiques et sociaux successifs, a dû s'adapter à un environnement en constante évolution dans un monde islamique aux facettes culturels bien diversifiées, mais sans pour autant perdre de son originalité, de son authenticité architecturale et de ses valeurs civilisationnelles, a fait observer M.Lahjomri.

Il a en outre souligné que la civilisation islamique a eu une influence significative en termes d'émergence de modèles urbanistiques qui sont aujourd'hui profondément perceptibles dans de nombreux monuments civilisationnels à travers le monde, de Grenade à Istanbul, de Samarcande à Ispahan et de Kaboul à Delhi.

Hespéris-Tamuda, une revue créée par le colonialisme et libérée par la science

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De son côté, le doyen de faculté des lettres et des sciences humaines à l’université Mohammed V de Rabat, Jamal Eddine El Hani, a donné un aperçu sur la revue Hespéris-Tamuda, considérée comme l’une des plus anciennes magazines scientifiques du Maghreb, soulignant les différentes étapes que la revue a franchies et son rôle dans la promotion des études scientifiques depuis sa création en 1920.

Il s'agit d'une revue universitaire multidisciplinaire qui s'intéresse aux recherches relatives à la culture et aux sciences humaines au Maroc et dans l'espace méditerranéen, a-t-il expliqué, notant qu'en dépit de la concurrence et de l'essor des nouvelles technologies de l'information, cette publication continue de contribuer et de promouvoir le débat entre les universitaires marocains et étrangers en mettant à profit les divers moyens technologiques.

Pour sa part, le professeur universitaire à l’Université Mohammed V de Rabat et coordinateur scientifique de la revue Hespéris-Tamuda, Khalid Ben-Srhir, a noté que la revue a traversé trois étapes essentielles : la première remonte à 1920 lorsqu'elle se plaçait au service de l’agenda colonial, puis est survenue la phase de la fusion entre Hespéris et Tamuda, une revue hispanophone basée dans le nord du Royaume pendant la période post-indépendance.

Selon lui, la troisième étape qui s’est étendue entre 1990 et 2000, a été marquée par la décision de publier une version en langue arabe.

L’universitaire à Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès et co-coordinateur du numéro spécial de Hespéris-Tamuda sur "la ville dans le monde musulman", Mohammed Mezzine, a estimé que la production scientifique et cognitive autour de la ville en général et du milieu urbain en particulier, a connu un développement remarquable qui tire profit des débats politiques contemporains et des événements sociaux autour de l'urbanisation.

Il a indiqué que des études récentes ont ouvert de nouveaux horizons pour la recherche sur la ville islamique, affirmant que celles-ci ont conclu à ce que la ville a connu des transformations profondes au cours des 20e et 21e siècles en ce sens qu'elle est devenue un lieu stratégique pour les questions sociales, économiques et politiques.

Le colloque se déroule sous forme d’ateliers (workshop) parallèles, selon les spécialités, avec des conférences plénières autour de l’archéologie - la géographie, l’urbanisme, économie et architecture - et l’histoire.

Ainsi, le débat sur la ville musulmane, n’est pas près de se terminer. Installé par un orientalisme conquérant, pendant le dix-neuvième siècle et la première moitié du vingtième siècle, relancé par les recherches monographiques universitaires marocaines depuis les années soixante, réactualisé, à partir des années deux mille, par des disciplines, plus proches de la géographie et de la sociologie, de l’architecture et de l’histoire, ce débat est aujourd’hui en passe de devenir un passage obligé pour comprendre la ville dans un monde musulman en pleine mutation.

"Y'a-t-il une ville arabo-islamique ?"

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"Y'a-t-il une ville arabo-islamique ?" est le thème de la conférence inaugurale d'un Colloque international organisé par l'Académie du Royaume du Maroc, mercredi à Rabat, sous le signe "La ville dans le monde musulman : genèse et mutation".

Animant cette conférence, Mohammed Naciri, professeur émérite de l'Université Mohammed V de Rabat, a indiqué que les villes arabo-musulmanes ont suscité l'intérêt de plusieurs chercheurs dans différents domaines et spécialités avant même les dysfonctionnements apparus après l’expansion de l'urbanisme lors du 20è siècle.

Dans son exposé, le géographe a fait observer que les travaux des orientalistes ont produit un discours qui doute de l'existence même de villes arabo-musulmanes, du fait qu'ils n'ont pas analysé la société et les modes de vie des habitants dans ces villes mais se sont uniquement consacrés à leur architecture, notant que les anciennes villes arabo-musulmanes n'ont pas été bâties autour des Institutions comme c'était le cas des villes européennes qui ont joué un rôle central dans le développement des sociétés occidentales.

Les sociologues, anthropologues et géographes ont contribué, chacun à son niveau, à sensibiliser davantage aux dimensions diverses et complexes de l'espace urbain, a relevé M. Naciri, ajoutant que les multiples études consacrées à ces villes, à leurs structures et aux activités pratiquées en leur sein, outre les mesures structurantes tant politiques qu'économiques, ont enrichi les recherches qui se sont intéressées à ces villes.

Il a, en ce sens, passé en revue les différentes approches qui ont traité des villes arabo-musulmanes, notamment les approches basées sur l’anthropologie, la géographie ou l'économie comme méthodes d'étude et d'analyse.

Organisé en coopération avec la revue Hespéris-Tamuda publiée par la faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, le colloque "La ville dans le monde musulman : genèse et mutation" se déroule sous forme d’ateliers (workshop) parallèles, selon les spécialités, avec des conférences plénières autour de l’archéologie - la géographie, l’urbanisme, l'économie et architecture - et de l’histoire.

Les organisateurs de rencontre de trois jours, considèrent que le débat sur la ville musulmane n’est pas près de se terminer. Installé par un orientalisme conquérant, pendant le 19è siècle et la première moitié du 20è siècle, relancé par les recherches monographiques universitaires marocaines depuis les années soixante, réactualisé, à partir des années 2000, par des disciplines plus proches de la géographie, de la sociologie, de l’architecture et de l’histoire, ce débat est aujourd’hui en passe de devenir un passage obligé pour comprendre la ville dans un monde musulman en pleine mutation.

Elle permettra également de rapprocher différentes approches du point de vue de l’historien, de l’anthropologue, de l’archéologue, du géographe et du sociologue en vue de comprendre la ville dans un monde musulman en pleine mutation et lui apporter un nouveau souffle.