Envoy? sp?cial de L?Observateur du Maroc et d?Afrique ? Bruxelles, Mohammed Zainabi a test? sans le vouloir la s?curit? belge. Il raconte ainsi comment il s?est trouv?, sans avoir ?t? bien identifi?, face au Premier ministre belge et ? d?autres membres de son gouvernement.

Le dimanche 22 novembre 2015 d?s 17H, rue de la Loi ? Bruxelles. Des journalistes, des photographes et des cam?ramans commen?aient ? affluer vers le si?ge du gouvernement f?d?ral. C?est l? que le Premier ministre belge allait donner une conf?rence de presse qui ?tait tr?s attendue. Le pays entier voulait savoir si l??tat d?alerte maximum, qui a priv? la r?gion bruxelloise de ses m?tros, du concert de Johnny Halliday et m?me du march? du Midi, allait ?tre maintenu.

Me trouvant ? Bruxelles pour une enqu?te que j?ai entam?e en France suite aux attentats du 13 novembre ? Paris, je ne pouvais pas rater la conf?rence. Mais j??tais loin de deviner qu?en ?tant journaliste ?tranger, non pr?alablement inscrit sur une quelconque liste, je pouvais me trouver face au Premier ministre belge et ? d?autres ministres de son gouvernement avec une aussi grande facilit?. En arrivant ? la rue de la Loi, juste apr?s ma visite des endroits les plus sensibles de Molenbeek (quartier o? vivaient les terroristes qui venaient d?endeuiller la France), je m?attendais ? un contr?le serr?, surtout en voyant des militaires et des policiers patrouiller, arme ? la main, le long de cette rue.

Peu avant 17H, je me suis dirig? d?un pas press? vers la porte d?acc?s au lieu de la conf?rence. Je me suis vite trouv? derri?re l?une des deux barri?res peintes en jaune qui tenaient les journalistes ? bonne distance, pour lib?rer le passage aux officiels. Des ministres commen?aient ? arriver. En apercevant le ministre belge des Affaires ?trang?res, Didier Reynders, je l?ai interrog? sur la possible coop?ration maroco belge en mati?re de lutte anti-terroriste, mais il est entr? avant de r?pondre ? ma question.

En discutant avec un confr?re belge, j?ai appris que le Premier ministre, lui, n?allait arriver que vers 18H30. J?avais donc suffisamment de temps pour aller acheter mon billet de TGV pour Paris ? la gare du Midi et revenir pour la conf?rence.

Me voyant quitter les lieux, une polici?re m?a demand? si j??tais journaliste. J?ai r?pondu par l?affirmative en lui expliquant que j?allais vite revenir. Elle a demand? ? voir ma carte de presse (ndlr, marocaine) et je le lui ai pr?sent?e. Elle me l?a vite rendue en pr?cisant qu?? mon retour, elle devra voir ce qu?il y avait dans mon sac. C?est effectivement ce qu?elle a fait. Mais en remarquant qu?il y avait un appareil photo dans mon sac, elle n?a pas pouss? sa fouille plus loin. Il n?en fallait pas plus pour que je puisse entrer au si?ge du gouvernement f?d?ral.

En franchissant la porte principale, j?ai trouv? un registre pos? sur un bureau en bois et je m?y suis inscrit comme d?autres l?avaient fait avant moi. Personne n??tait l? pour v?rifier ni mon identit?, ni ce que je transportais.

En franchissant le seuil d?une deuxi?me porte, je me suis trouv? face ? deux militaires. La couleur orange de leur habit du haut du corps frappe les yeux. Apr?s m?avoir demand? si je m??tais inscrit sur la liste, l?un d?eux m?a indiqu? que je devais prendre l?ascenseur vers le niveau -2 pour aller ? la salle de conf?rence. C?est ce que j?ai fait. Je me suis trouv?, peu de temps apr?s, dans la salle de conf?rence o? j?ai pu poser ma question sur la coop?ration maroco-belge au Premier ministre belge, Charles Michel. Ce dernier r?pondait aux questions en ayant ? ses c?t?s une partie de son gouvernement (Voir la vid?o ? la fin de cet article).

En sortant, je me suis pos? cette question que je rumine encore?: Dans une Belgique en situation d??tat d?alerte maximum que son Premier ministre venait d?ailleurs tout juste de prolonger en annon?ant m?me la fermeture des ?coles et des universit?s, comment n?a-t-on pas suppos? qu?une carte de presse pouvait ?tre falsifi?e et utilis?e par une personne mal intentionn?e?? Un complice de Salah Abdeslam, par exemple?