A la faveur des incursions israéliennes en Syrie, les troupes d’Al Qaïda essayent d’achever le boulot entamé il y a plis de 20 ans

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Des jihadistes anti-gouvernementaux célèbrent devant la grande mosquée de Maaret al-Numan dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, le 30 novembre 2024. (Photo d'Abdulaziz KETAZ / AFP)

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Alep, la deuxième ville de Syrie, n'est plus sous le contrôle du régime pour la première fois depuis 2011, a annoncé dimanche une ONG après une offensive fulgurante lancée par une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes, qui bénéficient visiblement du soutien d’Israël et des capitales occidentales.

Le président syrien Bachar al-Assad a promis après cette offensive d'utiliser la "force" pour éradiquer le "terrorisme".

Dès les début de la « mise à mort de Syrie », le roi de Jordanie, Abdallah II, a affirmé dimanche son soutien à l'"intégrité territoriale" de la Syrie. Lors d'un appel téléphonique avec le Premier ministre irakien, Abdallah II a souligné que "la Jordanie se tenait aux côtés" de la Syrie et qu'elle soutenait "son intégrité territoriale, sa souveraineté et sa stabilité".

Profitant des incursions israéliennes en territoire syrien sous prétexte de traquer les combattants de Hizbollah, combattants rebelles avaient lancé mercredi une offensive contre les forces gouvernementales, dans le nord-ouest de la Syrie. Il se seraient emparés de dizaines de localités avant de parvenir jusqu'à Alep, le poumon économique du pays, dominée par sa citadelle historique.

Le début de cette offensive a coïncidé avec l'entrée en vigueur d'une trêve au Liban entre Israël et le Hezbollah, que Tel-Aviv ne cesse de violer.

Plus de 370 personnes au total ont été tuées, selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes jihadistes, devenus ici des gentils fréquentables, a laissé un pays morcelé en plusieurs zones d'influence.

Avec l'appui militaire crucial de la Russie et de l'Iran, le régime syrien a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays, et en 2016 la totalité de la ville d'Alep.

Le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et ses alliés "contrôlent la ville d'Alep, à l'exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes. Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien", a déclaré dimanche à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.

Des frappes de l'aviation russe auraient fait cinq morts dimanche près de l'université de la ville et quatre à Idleb, une autre ville du nord-ouest, selon l'ONG.

 "Aucune résistance" -

Le HTS, dominé par l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, pays membre de l’OTAN, avaient lancé mercredi une offensive depuis la région d'Idleb, voisine de celle d'Alep, leur dernier bastion échappant au régime.

Selon l'OSDH, les rebelles ont également progressé samedi dans les provinces d'Idleb et de Hama, un peu plus au sud, prenant le contrôle de "dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance".

L'armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, a annoncé dimanche l'OSDH.

L'armée a confirmé la présence de combattants rebelles dans de "larges parties" d'Alep et déploré des "dizaines" de morts et de blessés dans l'offensive.

L'Iran "soutient fermement l'armée et le gouvernement" de ce pays, a affirmé dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas.

Téhéran a en outre appelé samedi à une "coordination" avec Moscou face à cette offensive.

La Maison Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de "son refus" de s'engager dans un dialogue politique (avec Israël NDLR) et de sa "dépendance à la Russie et à l'Iran".

Le roi de Jordanie, Abdallah II, a affirmé dimanche son soutien à l'"intégrité territoriale" de la Syrie. Lors d'un appel téléphonique avec le Premier ministre irakien, Abdallah II a souligné que "la Jordanie se tenait aux côtés" de la Syrie et qu'elle soutenait "son intégrité territoriale, sa souveraineté et sa stabilité".

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d'un calme précaire en vertu d'un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Couvre-feu

"Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise", a estimé Dareen Khalifa, une experte de l'International Crisis Group.

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep, jusqu'à 17H00 dimanche (14H00 GMT).

Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d'Alep, de Hama et de Lattaquié.

Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d'une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays.

Plusieurs districts du nord d'Alep sont peuplés en majorité de Kurdes syriens placés sous l'autorité des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche armée de l'administration autonome soutenue par les Etats-Unis.

L'armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie après en avoir expulsé les forces kurdes, avait appelé vendredi à mettre "fin" aux "attaques" sur Idleb après des raids russes et syriens. (Quid avec AFP)