Par Abdelghani AOUIFIA (MAP)

Pékin - Des robots qui servent les repas aux athlètes, aux applications pour l’échange d’informations en passant par la crypto-monnaie, la Chine a fait des Jeux olympiques (JO) d’hiver, qui se déroulent actuellement à Pékin, une véritable vitrine universelle pour étaler ses prouesses dans les domaines de l’innovation et confirmer son statut de superpuissance globale.

Nombreux sont ceux qui jetaient un regard sceptique sur le déroulement des jeux, notamment en raison des contraintes liées à la pandémie du Coronavirus et d’autres considérations d’ordre géopolitique. Cependant, les autorités chinoises ne se sont jamais départies de leur volonté inébranlable de relever le défi pour donner à cette édition toutes ses chances de réussite mais également pour affirmer le positionnement du pays en tant que géant de l’économie mondiale.

Le pari semble bien en passe d’être gagné bien avant la fin des JO, qui continuent de pulvériser les records, suscitant un vif intérêt dans une compétition qui n’a jamais vraiment suscité un engouement aussi important que celui que porte la planète-terre pour les JO d’été.

Les réseaux sociaux partout dans le monde sont inondés d’images de cette technologie futuriste que la Chine a déployée depuis le début des Jeux. Une véritable extravagance de la technologie nouvelle qui fascine les esprits et en dit long sur l’énorme potentiel de cette deuxième puissance économique mondiale.

Jamais une manifestation sportive n’a été aussi envahie par la technologie de pointe, indique un journaliste occidental venu couvrir les JO-2022. « Les Chinois veulent envoyer un signal très fort quant à la trajectoire d’avenir de leur économie », renchérit-t-il.

Comme ils l’avaient fait en réussissant la conversion des installations sportives héritées des JO d’été 2008, tenus à Pékin, les Chinois ne cachent pas leur plan de faire des actuels jeux d’hiver un laboratoire pour le rôle que l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies sont appelés à jouer dans toutes les facettes de la vie humaine dans l’avenir.

« Je suis fier de montrer au monde les avancées de la Chine dans le domaine du développement des robots et de l’intelligence artificielle », indique Tian Qiyan, qui a dirigé l’équipe ayant développé, à l’institut d’automation de Shenyang, les robots utilisés lors des JO-2022.

La réussite de l’expérience chinoise a braqué les projecteurs sur cette industrie dans l’Empire du Milieu. C’est, en effet, un secteur qui a enregistré une croissance rapide durant les dernières années au point de comptabiliser des revenus allant jusqu’à 100 milliards de yuans, environ 15,7 milliards de dollars américains en 2020.
Selon le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’Information, la densité robotique dans les industries manufacturières dans le pays dépasse presque du double la moyenne mondiale.

La présence de la robotique dans le tissu économique chinois est tellement forte qu’on parle d’une robotisation de la Chine. Un plan quinquennal, publié récemment par le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information étale clairement la volonté de la Chine de renforcer son leadership dans ce domaine.

Le responsable de l’institut d’automation de Shenyang affirme, dans ce contexte, que les robots et toute la technologie y afférente utilisée lors des JO d’hiver seront exploités pour les besoins de la recherche technologique après la fin de la manifestation.

Huo Bo, professeur d’aéronautique à l’institut de technologie de Pékin, explique, lui, que la technologie utilisée pendant les jeux peut être utile dans large éventail de secteurs dont la formation, la gestion sanitaire et la recherche scientifique.

Au-delà de ces avancées indéniables, les observateurs estiment que les JO d’hiver interviennent au moment où la Chine poursuit les efforts pour renforcer les fondements de son économie tout en projetant non seulement l’image d’une nation ouverte aux autres cultures mais surtout affirmer l’efficacité de son modèle de gouvernance.

Beijing-2022 offre une immense opportunité pour la Chine de montrer au monde « les réussites » de ce modèle dans un contexte d’escalade du clash idéologique avec l’Occident, indiquent les analystes.

Certains de ces commentateurs voient en la compétition Olympique l’occasion pour Pékin de faire un étalage grandeur-nature de son autorité comme nouvelle superpuissance mondiale que l’Occident doit prendre au sérieux dans tous les dossiers stratégiques.

Dans les médias du pays, on affirme qu’en dépit des attitudes parfois « hostiles » de certains pays au sujet de l’organisation des JO d’hiver en Chine, la manifestation est un test qui marque « le passage réussi » de la Chine au rang d’une superpuissance qui gagne en maturité.

L’après Beijing-2022 sera celle de la fructification de cette maturité dans la gestion des affaires d’un monde qui semble être ouvert sur toutes les éventualités.