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Malgré les ''Facebook Papers'', le réseau social attend de bons résultats financiers
Facebook papers", des milliers de documents internes remis à la SEC, l'autorité boursière, par Frances Haugen, une lanceuse d'alerte et ancienne ingénieure du groupe californien. (Crédit photo AFP)
Révélation après révélation, les petits secrets de Facebook sont étalés au grand jour, dressant le portrait d'un géant machiavélique qui ne convainc plus que les investisseurs. Mais ceux-ci pourraient être plus sensibles au risque d'érosion des jeunes audiences.
Lundi, le numéro 2 mondial de la publicité en ligne doit publier ses résultats trimestriels. Les analystes s'attendent à un chiffre d'affaires proche de 30 milliards de dollars, qui constituerait une augmentation de 38% sur un an.
Jusqu'à présent, les déboires de Facebook dans la presse les ont laissés de marbre. Depuis plus d'un mois, les journaux américains égrènent des articles fondés sur les "Facebook papers", des milliers de documents internes remis à la SEC, l'autorité boursière, par Frances Haugen, une lanceuse d'alerte et ancienne ingénieure du groupe californien.
En fil rouge des polémiques : le géant des réseaux sociaux connaissait les problèmes - contenus toxiques sur Instagram pour les adolescents, désinformation sur Facebook qui nuit à la démocratie, etc - mais a choisi, en partie, de les ignorer, par souci de préserver ses profits.
Les articles du Wall Street Journal, du New York Times ou du Washington Post portent principalement sur des sujets politiques ou sociétaux.
Mais lundi le site spécialisé The Verge a publié un rapport montrant que Facebook s'inquiète d'une baisse d'intérêt des adolescents et jeunes adultes dans ses marchés occidentaux, une audience lucrative et essentielle aux revenus de la firme.
Où sont les jeunes
"Le nombre d'ados qui utilisent l'application de Facebook aux Etats-Unis a reculé de 13% depuis 2019 et pourrait plonger de 45% pendant les deux prochaines années", relate le journal, d'après un mémo interne. "Pire encore, plus les utilisateurs sont jeunes, moins ils sont présents sur l'appli".
Lors d'une présentation, toujours selon The Verge, des employés ont estimé que les adolescents passent 2 à 3 fois plus de temps sur TikTok que sur Instagram, et qu'ils préfèrent Snapchat comme moyen de communication entre eux (plutôt que WhatsApp ou Messenger, les messageries de Facebook).
Facebook ne publie pas ces chiffres dans les détails. D'après ses compteurs, au 30 juin dernier, la famille de plateformes était fréquentée par 2,76 milliards de personnes tous les jours, et 3,5 milliards au moins une fois par mois.
Le nombre d'utilisateurs du géant des réseaux sociaux n'a jamais diminué ces dernières années malgré les scandales, depuis celui de Cambridge Analytica (un cabinet britannique qui avait détourné les informations personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook à des fins de propagande).
Mais la colère des autorités et des ONG monte, elle, en puissance.
Mauvaise pub
Ce week-end, des quotidiens américains ont braqué les projecteurs sur le rôle de Facebook dans la polarisation des sociétés. D'après des chercheurs employés par la firme, des utilisateurs américains et indiens, aux vues politiques a priori modérées, sont surexposés à des contenus extrémistes ou conspirationnistes.
En cause : des algorithmes cherchant à maximiser l'attention des consommateurs, moteur essentiel de la croissance du groupe.
Face à cette nouvelle vague de critiques, Facebook se défend en rappelant ses investissements conséquents pour assainir ses plateformes, lutter contre les contenus trompeurs, haineux et problématiques et soutenir le processus démocratique, y compris dans des langues autres que l'anglais.
Lors de la conférence téléphonique aux investisseurs de lundi, après la publication des résultats financiers, le patron Mark Zuckerberg et les autres dirigeants seront attendus sur ces sujets, mais aussi sur les autres défis économiques auxquels les plateformes de l'entreprise font face.
Jeudi dernier, le titre du groupe a perdu près de 5%... à cause de vents contraires du côté de la publicité.
Snap, maison mère de Snapchat, venait en effet de publier des résultats décevants à cause de la mise à jour du système d'exploitation de l'iPhone, qui rend les outils de mesure d'efficacité de leurs campagnes publicitaires "inopérants".
Un problème dont souffre aussi Facebook, en plus de toute cette mauvaise presse.